Peter Carl Fabergé (1846-1920), fournisseur des tsars

Peter Carl Fabergé (1846-1920), fournisseur des tsars

L’art russe n’a pas bénéficié au cours du XIXe siècle de l’engouement suscité par les romanciers russes. Aux œuvres célèbres de Tolstoj et de Dostoevskiy ne peut être associée aucune œuvre du champ artistique. Ce n’est qu’avec l’Exposition universelle de 1900 qu’émerge un intérêt plus profond et plus suivi pour l’art russe pris dans une définition large comprenant la peinture, la sculpture, l’architecture, les arts décoratifs, les arts populaires et le patrimoine artistique de la Russie. Cet intérêt va aller croissant jusqu’en 1914. La Maison Fabergé sera totalement intégrée à ce vaste mouvement. Peter Carl Fabergé est né en 1846 à Saint-Pétersbourg dans une famille protestante  d’origine Picarde, contrainte à l’exil après la révocation de l’édit de Nantes (1685) par Louis XIV. Les Fabergé émigrent en Allemagne, c’est en 1800 que son grand-père Pierre, s’installe en Livonie dans la ville de Pernau et prend la nationalité Russe. Les parents de Carl Fabergé, installés à Saint-Pétersbourg, sont des bijoutiers au talent déjà assuré dont la renommée n’est plus à faire à la Cour de Russie. Ils lui apportent un enseignement rigoureux et soigné dans ce métier de tradition familiale. Carl fait son apprentissage auprès des plus grands joailliers d’Europe et entreprend un voyage d’études qui le mènera d’Angleterre en Allemagne et de France en Italie. En 1882, il reçoit la plus haute récompense, la médaille d’or de l’exposition Pan-Russe et se fait ainsi remarquer par la Cour. La Maison Fabergé va fabriquer des fleurs, des boîtes à musique, des animaux des objets décoratifs de vitrine, des pendulettes et des bijoux d’une prodigieuse diversité utilisant toujours les métaux les plus précieux et les pierres les plus rares. Les ateliers transforment les objets les plus courants en véritables œuvres d’art. En plus de sa prédestination artistique, Carl présente un grand talent de gestionnaire et porte la renommée de la Maison Fabergé à son firmament lorsqu’en 1884 le tsar Alexandre III (1845-1894) lui accorde le « Privilège de Fournisseur de la Cour » ainsi lui sont ouvertes les portes de l’aristocratie Russe d’Alexandre III à son fils Nicolas II (1868-1918) (couronné en 1896) et des Grands de ce monde.

Les dates à retenir :

1685 : départ de la famille Fabergé de France.

30 mai 1846 : Naissance de Peter Carl Fabergé.

1872 : Fabergé prend la tête de la société.

1885 : Carl Fabergé reçoit le privilège de porter le titre de « Fournisseur de la Maison impériale ».

1900 : Fabergé expose ses créations hors concours à l’Exposition universelle de Paris.

1902 : travail consacré lors d’une exposition spécifique dans le luxueux hôtel particulier de baron von Derwis à Saint-Pétersbourg.

10 août 1917 : usines de la Maison Fabergé converties en artillerie, on règle leurs arriérés aux ouvriers de l’usine mécanique. L’effondrement total est proche.

24 septembre 1920 : décès de Carl Fabergé à Lausanne (Suisse).

Votre conférencier

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), chercheur associé Criham-Unilim, enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.

À lire pour aller plus loin :

Wilfried Zeisler, Fabergé rediscovered, Londres, D. Gilles, 2018.

Margaret Trombly, Fabergé and the Russian Crafts tradition : an empire’s legacy, Londres, Thames&Hudson, 2017.

Sylvain Cordier, Fabuleux Fabergé : joaillier des tsars, Dijon, France, éditions Faton, 2014.

 Tatiana Fabergé, The Fabergé Imperial Easter eggs, Londres, Christie’s, 1997.