LA PEINTURE DE WILLIAM TURNER

LA PEINTURE DE WILLIAM TURNER

« L’indéfinissable est mon fort » déclara un jour William Turner (1775-1841). Une formule qui va comme un gant à ce grand peintre qui n’eut en tête que de réunir : gloire, argent, et amour de l’art. Né à Londres, ce surdoué du dessin fit son entrée à 14 ans à la prestigieuse Royal Academy pour y suivre une formation de peintre. A 26 ans il était déjà considéré comme l’enfant prodige de la peinture anglaise ! Sa renommée, il la gagna d’abord en tant qu’aquarelliste, la peinture à l’huile vint après. Dès lors, ces deux techniques parfaitement maîtrisées, dialogueront toujours dans son œuvre. Ainsi, l’immédiateté et la rapidité du geste de l’aquarelliste se retrouveront dans les huiles mouvementées de Turner mais aussi dans leur transparence. Car pour Turner, la valeur d’une peinture se mesurait moins à l’effacement de l’artiste devant le spectacle de la nature qu’à la présence visible de son travail : dès 1805 Turner appliquera donc la peinture au couteau !

A ce titre, on peut dire que William Turner fut un artiste de son temps, un « romantique », pour qui dans le domaine de l’art, la passion et l’intuition devaient passer avant le jugement. Beaucoup d’anecdotes de la vie de Turner en témoignent comme ce jour d’octobre 1834 lorsqu’il observa depuis une barque sur la Tamise le spectacle grandiose et effrayant de l’incendie des Chambres des Lords et des Communes. L’année suivante, il en donnera sa version picturale : un magma de couleurs sonores et agitées qui témoigne aussi de la place essentielle qu’il donnait à la question de la lumière et de la couleur dans la peinture. Cette quête pour l’expérimental s’accordait à la personnalité d’un homme curieux de tout. Surtout de voyages en fait, « touriste-professionnel », Turner arpenta l’Europe - Angleterre, Écosse, Pays de Galle mais aussi France, Pays-bas, Suisse et bien sûr l’Italie - comme aucun artiste à son époque. Il fut curieux d’archéologie, d’histoire, de géologie et de météorologie… et tout cela est visible dans son œuvre. On l’aura compris, il est impossible de saisir William Turner dans sa totalité, mais en partant d’où il est parti, puis en examinant les années qui conduisirent jusqu’à la plénitude de son œuvre, peut-être le génial William Turner nous sera-t-il un peu moins « insaisissable »?

Les dates à retenir :

1775 : Naissance le 23 avril de Joseph Mallord William Turner à Londres d’une père barbier-perruquier dont il restera toujours très proche.

1787 : Les premiers dessins signés et datés de Turner sot exposés par son père dans sa boutique.

1789 : Turner entre à l’école de la Royal Academy de Londres et expose pour la première fois des dessins et des aquarelles l’année suivante.

1802 : Il est élu académicien à la Royal Academy et apparaît comme le peintre majeur de sa génération. Il voyage alors en Suisse et en France. A Paris, il fréquente le Louvre où il étudie les œuvres de Poussin et de Claude Lorrain.

1802-1841 : Turner voyage par intermittence en Europe. En 1819 il voyage pour la première fois en Italie et séjourne à Rome, Naples et Venise. Artiste reconnu, ses œuvres sont recherchées par les collectionneurs.

1837 : Mort de John Constable, l’autre grand paysagiste anglais, mais qui ne connut pas le succès de son vivant. Bien que courtois, la relation entre les deux peintres fut distante.

1843 : Publication des « Peintres modernes » de John Ruskin dans lequel le critique défend totalement l’art de Turner.

1846 :Turner s’installe dans le quartier de Chelsea avec sa compagne Sophie Caroline Booth.

1849 : Président par intérim de la Royal Academy, sa santé décline, c’est le temps des dernières expositions à Londres

1851 : Mort de Turner le 19 décembre. Il est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul, à Londres. Après sa mort, son ami John Ruskin retrouvera dans son atelier plus de 20 000 tableaux, aquarelles ou estampes aujourd’hui conservés à la Tate Gallery à Londres.

Votre conférencier

Diplômé de l’Ecole du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.

À lire pour aller plus loin :

Lawrence Gowing, Turner : peindre le rien, Macula, 1990.

Olivier Meslay, Turner. L’incendie de la peinture. Gallimard, 2004.

Pierre Wat, Turner, menteur magnifique, Hazan, 2010.

« Turner et ses peintres », Catalogue d’exposition, RMN, 2010.


À REGARDER pour aller plus loin :

Mr Turner de Mike Leigh, 2014.