FÉLIX TOURNACHON, DIT NADAR


FÉLIX TOURNACHON, DIT NADAR

Félix Tournachon nous est connu aujourd’hui sous son pseudonyme de Nadar, tiré du surnom Tournadar dont l’avaient affublé ses amis poètes puisqu’il avait l’habitude de finir ses phrases par un tonitruant « dar » pour se rendre intéressant disait-on alors. Son nom est resté lié à de célèbres portraits photographiques – n’a-t-il pas immortalisé pour nous les traits d’Honoré de Balzac, d’Alexandre Dumas, de Gérard de Nerval, de Victor Hugo et de bien d’autres – et à son atelier, boulevard des Capucines à Paris où s’est tenue la première exposition des artistes impressionnistes. En effet, retracer la vie de Félix Nadar, c’est croiser la route de ses illustres contemporains, frayer dans les ateliers de la bohème, revivre les débuts de la photographie. Mais l’homme, exubérant et flamboyant fut également écrivain, patron de presse, journaliste et caricaturiste, chef d’entreprise malgré des revers de fortune, espion, homme de science et même aéronaute. Novateur insatiable, il se lancera dans de nombreuses expériences et nous lui devons les premières photographies aériennes ainsi que les premières souterraines dans les Catacombes de Paris.

Décidément, son tempérament, que Baudelaire qualifiait de « la plus étonnante expression de vitalité », reflète parfaitement ce 19e siècle entreprenant et surprenant qu'il nous permet ainsi de revisiter.

Les dates à retenir :

5 ou 6 avril 1820 : Gaston-Félix Tournachon est né au n° 195 de la rue Saint-Honoré à Paris où son père, éditeur d’origine lyonnaise était venu s’installer peu avant.

1937 : il renonce à ses études de médecine afin de subvenir aux besoins de sa famille, c’est-à-dire à son jeune frère Adrien et sa belle-mère. Il travaille alors dans diverses rédactions de journaux. Cette activité l’amène à fréquenter des poètes qui deviendront des amis comme Gérard de Nerval, Charles Baudelaire et Théodore de Banville.

Vers 1838 : Félix transforme le surnom de « Tournadar » que ses amis poètes lui donnent en pseudonyme Nadar. Il collabore à plusieurs journaux, écrit des romans, publie des caricatures et ne craint pas, à juste 19 ans, de fonder une revue, Le Livre d’Or… qui ne sortira que quelques numéros. Malgré des hauts et des bas, Nadar vit de sa plume et se fait peu à peu connaître.

A partir de 1850, il entreprend le grand projet républicain de faire le portrait dessiné de plus de 300 personnalités de son époque. Cette galerie de portraits sera publiée en 1854 sous le titre de Panthéon Nadar.

1854 : il se lance officiellement dans la photo. Il s’installe dans un premier atelier bénéficiant de la lumière naturelle et acquiert rapidement une grande renommée pour ses portraits de grande qualité où il s’attache à rendre la profondeur psychologique de ses modèles. Tous les grands noms des Lettres et des Arts, de la Justice et des Sciences défilent devant son objectif.

Souhaitant que l’appareil photo puisse être emporté à l’extérieur en voyage, il expérimente la photo embarquée dans un ballon. Dès 1858, il est le pionnier de la photographie aérienne avec ses vues du Petit Bicêtre et en 1863, il fera construire un immense ballon, Le Géant, haut de 40 mètres pour des ascensions publiques. 

1860 : il emménage dans un atelier plus vaste au 25 boulevard des Capucines à Paris où s’ouvrira le 15 mai 1874 la première exposition des peintres impressionnistes.

Pourtant après la guerre et la Commune, Nadar est ruiné. En 1872, il recommence brièvement une activité dans la photographie dans un atelier plus modeste rue d’Anjou.

1887 : il s’installe au manoir de l’Ermitage en forêt de Sénart jusqu’en 1894 où il déménage à Marseille avec sa femme et y fonde un atelier photographique qui connait une véritable gloire dans la région. À cette époque, Nadar s'intéresse à la photostérie, application de la photogravure qui donne une image en relief rappelant la sculpture. Il fait connaître ce procédé et lui donne des applications industrielles.

1900 : Paul organise une rétrospective de l’œuvre de son père à l’Exposition Universelle à Paris.

1904 : Nadar revient à Paris où il meurt le 20 mars 1910.

1950 : l’État français fait l’acquisition du fonds complet des ateliers Nadar.

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conférencière

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.

À lire pour aller plus loin :

Stéphanie de Saint Marc, Nadar, Biographies NRF Gallimard, 2010

Sylvie Aubenas et Anne Lacoste, Les Nadar – Une légende photographique, BNF, 2018

Félix Nadar, Quand j’étais photographe (Ed. 1895), préface de Léon Daudet, édition originale de 1895-1905, Hachette Livre et la BNF, 2018

André Barret, 50 photographies de ses illustres contemporains, Editions Juillard, 1994.