La bataille de Cannes

LA BATAILLE DE CANNES

Face aux ravages de l’armée punique et en raison de l’impatience des alliés de Rome, l’inaction de Fabius Maximus – qu’on soupçonnait d’entente avec une partie de la noblesse punique - avait contribué, à la fin de l’année 217, à l’émergence de nouvelles personnalités dirigeantes, parmi lesquelles l’homo novus C. Terentius Varro, élu consul. Le sénat voulait désormais une bataille décisive. Au début de l’été, lors qu’Hannibal quitta Géreonium et s’empara de la citadelle de Cannes, Rome rassembla contre lui une formidable armée composée de 8 légions renforcées des contingents alliés, soit près de 80 000 hommes. L'armée punique que dirigeait Hannibal ne comptait guère plus de 50 000 hommes.   

Le 2 août 216 av. J.-C. non loin de la cité de Cannes, Rome essuya pourtant la plus écrasante des défaites de son histoire. Aspirés sur le centre punique et enveloppés sur les côtés, leurs ailes refoulées tandis que la cavalerie lourde punique parvint à fermer la nasse, les Romains furent anéantis. Depuis, cette géniale manœuvre a fait date au point qu'aujourd’hui encore elle est étudiée dans les académies militaires du monde entier. Rome perdit en cette funeste journée le consul Paul Émile, l’ex consul Servilius Geminus, le maître de la cavalerie de Fabius Maximus, Marcus Minubius Rufus, 80 sénateurs et 50 000 soldats Romains et alliés.

Les dates à retenir :

246 av. J.-C. : naissance d'Hannibal.

241 av. J.-C. : fin de la Ière guerre punique.

237 : Hamilcar se rend en Espagne avec son fils, qui y prête son célèbre serment.

229 : mort d'Hamilcar, auquel succède Hasdrubal l'Ancien.

226 : traité de l'Èbre.

221 : mort d'Hasdrubal : Hannibal devient commandante en chef.

219 : siège et conquête de Sagonte.

218 : début de la guerre. Hannibal traverse les Pyrénées et les Alpes. En hiver, il remporte les victoires du Tessin et de la Trébie.

217 : Hannibal traverse l’Apennin. Il écrase les armées romaines sur les rives du lac Trasimène. Fabius Maximus est nommé dictateur.

216 : Bataille de Cannes. Durant la même année, des cités grecques de Sicile se révoltent contre le contrôle politique des Romains. La défaite force les consuls à adopter la tactique de refus de toute bataille rangée contre Hannibal par Fabius Maximus.

Votre conférencier

Giovanni Brizzi est professeur émérite à l'Alma Mater Studiorum, l'Université de Bologne. Il a également enseigné auprès des Universités de Sassari et Udine, ainsi qu'à l’Université Paris IV-Sorbonne. Titulaire des Palmes académiques, il est membre de l'académie des Sciences de Bologne. En 1999, son ouvrage Annibale. Come un’autobiografia a gagné le prestigieux prix Mario di Nola, dans la catégorie des ouvrages historiques, décerné par l'Accademia dei Lincei. Il a écrit plus de 130 ouvrages, souvent traduites dans plusieurs langues, dont huit monographies consacrées à des personnages de la république romaine.

À lire pour aller plus loin :

Giovanni Brizzi, Moi, Hannibal… Mémoires d’un homme de guerre hors du commun, Les Éditions Maison, 2007.

Habib Boularès, Hannibal, Perrin, 2000.

François Hinard (dir.), Dominique Briquel, Giovanni Brizzi et Jean-Michel Roddaz (préf. François Hinard), Histoire romaine, t. I : Des origines à Auguste, Paris, Fayard, 2000, 1 075 p. (ISBN 978-2-213-03194-1), chap. XI (« La deuxième guerre punique »).


En italien :

G. Brizzi, Scipione e Annibale. La guerra per salvare Roma, Laterza Ed., 2007.

G. Brizzi, Canne. La sconfitta che fece vincere Roma, Il Mulino, 2016.