Marc Chagall, du rêve dans la réalité

MARC CHAGALL, DU RÊVE DANS LA RÉALITÉ 

Marc Chagall (1887-1985) est sans doute le peintre poète par excellence. Parce qu’il aimait s’entourer d’écrivains comme Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire et Max Jacob ; parce qu’il laissait libre cours à son imagination pour transfigurer le réel ; parce que tout semble chanter et s’envoler dans ses œuvres. Inspirée par sa femme Bella, ses souvenirs d’enfance à Vitebsk et ses voyages, sa peinture s’est nourrie à Paris des découvertes du fauvisme et du cubisme pour développer un univers onirique, coloré et d’une grande profondeur. Apollinaire l’avait bien perçu lui qui le nommait le peintre de la « surréalité ».

Chagall traverse le siècle à l’image de ses personnages survolant les villes : souriant, libre et léger, songeur et méditatif, s’abreuvant aux diverses sources de l’art – des couleurs fauves aux espaces cubistes, des arts populaires aux visées surréalistes – sans se vouer vraiment à aucune. C’est peut-être pour cette raison que ses œuvres n’ont pas toujours fait l’unanimité comme le plafond de l’Opéra Garnier, longtemps décrié.

La conférence permettra de revenir sur les temps forts de sa création et d’en apprécier les multiples facettes à travers des peintures, des illustrations et des lithographies, des décors majestueux, des céramiques, des sculptures et de lumineux vitraux.

 Conférence proposée en écho aux deux expositions mettant Marc Chagall à l’honneur ce printemps :

Chagall, le passeur de lumière, Centre Pompidou – Metz, exposition prolongée jusqu’au 30 août 2021 puis présentée au Musée national Marc Chagall à Nice.

Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école, 1905-1940 au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme de Paris du 8 avril au 29 août 2021.

Les dates à retenir :

7 juillet 1887 : naissance dans une famille modeste du quartier juif de Vitebsk (Biélorussie, empire russe) de Moïche Zakharovitch Chagalov que nous connaîtrons sous le nom de Marc Chagall. Son père travaille dans une pêcherie, sa mère tient une petite boutique. Le nom d’artiste y est inconnu pourtant, c’est pour les arts que Marc Chagall montre des dispositions et même de l’enthousiasme : il veut être musicien sitôt qu’il entend son oncle jouer du violon, puis chanteur, danseur et enfin peintre. C’est ainsi qu’en 1908, arrivé à Saint-Pétersbourg, il entre dans l’atelier de Léon Bakst où il reste 2 ans. Quand ce dernier rejoint les ballets russes de Diaghilev à Paris, Chagall le suit grâce à la bourse qu’il a décroché lors d’une exposition de ses premiers travaux.

1911 : Chagall arrive à Paris où il finit d’explorer les œuvres des avant-gardes (Matisse, Picasso…) aperçues lors d’expositions à Moscou. L’année suivante, il installe son atelier à La Ruche où il fréquente Archipenko, Laurens, Soutine, Modigliani, Soffici, Léger et Delaunay. Il est aussi très proche des poètes Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Max Jacob. Il travaille ses toiles à la lumière de ses découvertes parisiennes empruntées au fauvisme, au cubisme, à l’orphisme et au futurisme. Il expose au Salon des Indépendants ainsi qu’à Berlin.

1914 : il effectue un voyage à Vitebsk. La déclaration de guerre l’oblige à rester en Russie. Il y épouse Bella Rosenfeld son grand amour. La révolution bolchévique de 1917 le propulse commissaire des Beaux-Arts. Les différents avec les peintres Lissitsky et Malevitch qui imposent le suprématisme (abstractions géométriques) le poussent à retourner à Vitebsk où il fonde une académie de peinture. Il écrit et illustre son autobiographie Ma Vie (publiée en français en 1931).

1922 : il réussit à quitter la Russie pour Berlin et en 1925, il est de retour à Paris. Amboise Vollard devient son marchand et lui commande de nombreuses illustrations (Les âmes mortes de Gogol ; les Fables de Jean de La Fontaine ; des acrobates, clowns et écuyères pour un ouvrage sur le cirque).

Années 1930 : le climat politique européen se dégrade sur fond de racisme et de persécutions antisémites – notamment celles dont il est témoin en 1935 en Pologne. Pourtant, Chagall voyage et travaille : en Palestine, en 1931, pour se préparer à illustrer la Bible ; en Espagne, en 1934, pour étudier Velázquez, Goya et El Greco ; en Italie, en 1937, pour les œuvres du Titien et de l’école vénitienne.

1941 : il émigre aux Etats-Unis avec sa femme, qui y décède en 1944. Ces années sont marquées par la détresse qu’il exprime à travers des œuvres comme La Guerre, L’Obsession, La Crucifixion jaune.

1948 : il est définitivement de retour en France (il a obtenu la nationalité française en 1937) et l’année suivante, il achète une maison à Vence. Il y produit ses premières céramiques.

1952 : il rencontre et épouse Valentina (Vava) Brodsky. L’évènement donne une nouvelle impulsion à sa créativité et à sa carrière. A partir de ces années-là, en plus de la peinture et de la céramique, il s’intéresse tour à tour à la sculpture, à la lithographie, à la tapisserie, à la mosaïque et au vitrail. Il se consacre surtout à des œuvres monumentales conçues pour de grands espaces architecturaux. Ce seront le plafond de l’Opéra Garnier à Paris en 1964, les vitraux des cathédrales de Metz (en 1958) et de Reims (en 1974) et du siège des Nations Unies à New-York (en 1964), les peintures murales du Metropolitan Opera de New-York (1966) entre autres.

7 juillet 1973 : André Malraux inaugure le Musée national Marc Chagall à Nice.

Il meurt le 28 mars 1985 à Saint-Paul-de-Vence où il est enterré.

LUNDI 03 MAI À 10H

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conférencière

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.

À lire pour aller plus loin :

Marc Chagall, Ma Vie, traduction de Bella Chagall, Editions Stock, 2003.

Itzhak Goldberg, Chagall, Editions Citadelles & Mazenod, 2019.

Ouvrage collectif sous la direction d’Ambre Gauthier et Meret Meyer, Chagall et la musique, coédition Gallimard – Philharmonie de Paris/Cité de la musique, 2015

Elia Biezunski (dir.), Chagall Le Passeur de lumière, Editions du Centre Pompidou, 2020.