ORIGINE, HISTOIRE ET DEVENIR DES MUSÉES

ORIGINE, HISTOIRE ET DEVENIR DES MUSÉES

À l’heure ou la pandémie de Covid-19 ébranle les institutions les plus établies de nos sociétés contemporaines depuis plus d’un an déjà, le monde de la culture vacille, questionné dans ses fondements mêmes et sa raison d’être.

Or l’invention des musées est un fait majeur des civilisations occidentales, un modèle issu de la réunion des musées de l’Antiquité, protectrices des arts de la beauté, à l’origine de tant d’émules de toutes natures que ce modèle est aujourd’hui imité, copié et réinterprété dans le monde entier. Qu’est-ce qu’un musée ? Quelle hétéropie, pour reprendre le terme du philosophe Michel Foucault, promet-il d’offrir aux objets extraits du circuit économique qui y sont conservés ?

À en croire le grand historien du musée, Krzysztof Pomian, auteur d’une somme historique mondiale dont le premier tome vient de paraître à l’automne dernier, ces objets distingués, élus et conservés y gagnent un nouveau statut, celui de sémiophores : soit des artefacts porteurs de caractères visibles susceptibles de recevoir des significations. Il ouvre ce faisant une voie qui doit permettre de définir la nature des collections rassemblées dans ces institutions, aussi diverses soient-elles (musées des sciences, musées d’histoire naturelle, musées des beaux-arts, écomusées…). La constitution du patrimoine culturel consisterait donc en une transformation de reliques historiques et artistiques en sémiophores, selon une transformation analogue de certains corps naturels et en un changement de finalité et de signification.

Après avoir retracé l’origine de musées, en passant par les cabinets de curiosité et trésors princiers devenus collections royales, nous examinerons comment ces lieux exceptionnels, souvent le reflet du goût de leurs collectionneurs, furent appelés à devenir des collections nationales, passant ainsi de l’évergétisme à la prise de conscience d’un destin national, appelant à une redéfinition de la nature même des bâtiments dans lesquels ces collections allaient désormais devoir être classées, inventoriées, conservées puis montrées.

Les dates à retenir :

1471 : Sixte IV fait don au peuple romain des statues antiques détenues au palais du Latran.

1506 : découverte du Laocoon à Rome.

1538 : création du museo de Paolo Giovio à Côme, galerie de portraits d’hommes illustres.

1570 : création du studiolo de François Ier de Médicis à Florence.

1583 : inauguration de la Tribune des Offices à Florence.

1670 : création du Cabinet du roi par Louis XIV pour la gestion de ses collections.

1683 : création de l’Ashmolean Museum à Oxford.

1753 : création du British Museum, premier musée national au monde.

1793 : création d’un Museum de la République au Louvre.

1794 : rapport de l’abbé Grégoire sur les destructions opérées par le vandalisme.

LUNDI 07 JUIN À 10H

Votre conférenciÈre

Diplômée de l'École du Louvre en histoire de l'art et en muséologie, Géraldine Bretault est conférencière, traductrice et créatrice de contenus culturels. Elle est une collaboratrice régulière des revues Perspective de l’INHA, Beaux Arts Magazine et La Revue de l’art. Des séjours de longue durée à l'étranger (Milan et New York) lui ont permis de tisser des liens singuliers avec ces villes et leur culture. Elle a notamment travaillé au MAD Museum (Art et Design) et au New Museum de New York.

À lire pour aller plus loin :

Krzysztof Pomian, Le musée, une histoire mondiale, tome I : Du trésor au musée, Gallimard, 2020.

André Desvallées, François Mairesse, Dictionnaire encyclopédique de muséologie, Armand Colin, 2011.

Stéphane Ojkine, L’œil révolté : les Salons de Diderot, 2007.

Dominique Poulot, Musée et muséologie, La découverte, 2005.