Raphaël (1483-1520), peintre des anges

RAPHAËL (1483-1520), PEINTRE DES ANGES

L’irrésistible ascension de Raphaël ne peut se comprendre sans la connaissance de l’environnement dans lequel il baigne depuis son enfance. Le milieu artistique de la Renaissance, d’une culture humaniste large et généreuse, est le terreau sur lequel s’épanouit le jeune peintre. Il va servir et se servir de cette culture pour, finalement, en devenir le plus noble représentant.  Trois villes marquent le parcours artistique du jeune maître. Ce sont trois centres de la culture humaniste. D’Urbino à Florence, de Florence à Rome, le peintre côtoie les milieux éclairés du XVIe siècle naissant. Urbino est dès le XVe siècle, une « lumière d’Italie », comme la surnommera le poète Balthasar Castiglione (1478-1529), ami de Raphaël. Dans cette ville, Federico da Montefeltro incarne l’idéal du prince docte, de l’humaniste pour qui la culture est le complément nécessaire du pouvoir politique. Le duc réunit les éléments nécessaires à son ambition. Sa bibliothèque force l’admiration des plus grands lettrés du pays. Le chroniqueur Vespasiano da Bisticci (1421-1498) le montre bien « Federico n’a regardé ni à la dépense, ni à aucune considération, et là où il savait qu’il y avait quelque livre digne d’attention –soit en Italie, soit hors d’Italie-, il l’a envoyé chercher. Il a commencé depuis quatorze ans ou davantage à constituer cette bibliothèque et, sans cesse, à Urbino autant qu’à Florence et en d’autres lieux, il avait trente écrivains qui travaillaient pour sa Seigneurie ». Florence est la ville de la Renaissance par excellence. Mais la cité a surtout brillé au XVe siècle. Le départ pour Rome, en ce tout début du XVIe siècle, de Raphaël et de Michel-Ange, marque le déclin de la capitale toscane et la grandeur naissante de la Ville éternelle. Rome s’affirme au XVIe siècle comme le nouveau centre de la Renaissance. Dès le début de son pontificat en 1503, Jules II met la ville en chantier, soutenant les entreprises les plus audacieuses par une politique volontaire. Raphaël profite bien sûr de cette situation. Il côtoie les plus grands artistes et hommes de lettres de son époque. Ses amis s’appellent Pietro Bembo (1470-1547), qui codifie la grammaire italienne ; l’Arioste (1474-1533), auteur du poème épique Roland furieux ; l’Arétin (1492-1556), auteur de Lettres satiriques… La concurrence fait rage chez les artistes. Nourri spirituellement et artistiquement, Raphaël conquiert rapidement la postérité grâce à une évolution stylistique permanente, posant les bases, en peinture, de normes qui perdureront plusieurs siècles : beauté, équilibre, justesse des proportions ! Raphaël n’est pas un suiveur, il est lui, et en ce sens, inimitable et génial !

Les dates à retenir :

1483 : naissance à Urbino, Le 26 ou le 28 mars.

1496 : Raphaël travaille avec Perugino à Pérouse. Il sera mentionné comme « maître » dès l’âge de dix-sept ans.

1504 : Raphaël arrive à Florence. Il peint Le Mariage de la Vierge, sa première œuvre autographe.

1509 : le peintre est à Rome. Il reçoit un acompte pour son travail dans les nouveaux appartements du pape Jules II.

1514 : Raphaël commence à travailler comme architecte de Saint-Pierre de Rome, en qualité d’aide de Bramante. Il le remplacera à sa mort.

1515 : le 27 août, le peintre est nommé conservateur des Antiquités romaines.

1517 : Raphaël achève la loggia de Psyché à la villa Farnesina.

1518 : Le peintre commence les travaux dans les loges du Vatican.

1520 : Raphaël meurt subitement le 6 avril, à Rome.

LUNDI 24 MAI À 10H

Votre conférencier

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), chercheur associé Criham-Unilim, enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.

À lire pour aller plus loin :

Raphaël, les dernières années, au musée du LouvreParis (octobre 2012 - janvier 2013), cat.expo, Paris, Hazan, 2012.

Paul Joannides, Raphaël et son temps, Lille, (été 2003), cat.expo, Paris, Flammarion, 2002.

Pierluigi De Vecchi, Odile Ménégaux, Paul Alexandre, Raphaël, Paris, Citadelles et Mazenod, 2002.