Le jeune homme de Mozia

LE JEUNE HOMME DE MOZIA

Un jeune homme au corps de marbre puissant, dont il ne manque que les pieds et les deux bras, se présente dans une attitude victorieuse, hautaine avec une pointe de nonchalance. L'attitude est caractéristique des recherches grecques de la première moitié du Ve s. av. J.-C. d’une pondération nouvelle : sa jambe droite fléchie entraîne un basculement du bassin. Cette inclinaison est ici particulièrement soulignée par la main fermement calée sur la hanche gauche.

La tête, légèrement tournée vers la gauche, aux traits énergiques, dégage sous une coiffure en coquilles, encore toute archaïque, un visage aux pans géométriques bien affirmés.

Plus étonnante encore, une large ceinture de cuir engonce sa poitrine et accentue le traitement en ruissellement de la fine tunique qui recouvre entièrement son corps. D’un esprit « drapé mouillé » elle cache et révèle son anatomie dans un érotisme à peine voilé.

Par elle-même cette œuvre est exceptionnelle, mais sa singularité ne s’arrête pas à sa maestria artistique.

Elle fut découverte en 1979 au sein du site phénicien de Mozia (ou Motya, Motyé). Cette cité, l’une des capitales puniques de Sicile, s’étendait sur l’intégralité d’une petite île au centre d’une vaste lagune au nord de la ville moderne de Marsala.

Une foule de questions se pose alors : Que fait cette statue dans une cité punique ? Pourrait-il s’agir d’une œuvre punique, d’une œuvre grecque commandée par les puniques, d’un butin de guerre ? Afin de lancer des pistes nous étudierons les liens puniques-grecs en Sicile, l’art des Phéniciens d’occident, ce qui nous amènera à formuler plusieurs hypothèses afin de comprendre qui ou que peut bien représenter ce jeune homme ?

Les dates à retenir :

Vers -750 : Fondation de Mozia.

490 – -450 : Style sévère.

480 : Victoire des Grecs de Sicile à la bataille d’Himère au cours de laquelle meurt le général carthaginois Hamilcar. Athènes est par deux fois occupée par les Perses.

409 : Hannibal de Gicon (petit fils d’Amilcar) détruit et s’empare de Selinonte.

406 : Prise de la cité grecque d’Akragas (Agrigente).

397 : Destruction par Denys l’Ancien (tyran de Syracuse) et abandon partiel de la ville de Mozia.

Votre conférenciER

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne en archéologie et histoire de l’art, Laurent Dellac a décidé de se spécialiser sur l’Italie du sud et plus particulièrement sur la Sicile, où il est guide conférencier..

À lire pour aller plus loin :

Claude Rolley, La Sculpture grecque I., des origines au milieu du Ve siècle ; Paris, 1994

Carlo Odo Pavese, L’auriga di Mozia ; Roma, 1996

Catalogue d’exposition : Giovanni Puglise Carratelli (sous la direction de), Grecs en Occident, Milan, 1996.