Le musée de l'Ermitage : une visite virtuelle

LE MUSÉE DE L'ERMITAGE : UNE VISITE VIRTUELLE

Si l’année 1703 correspond à la fondation de Saint-Pétersbourg par Pierre le Grand (1672-1725), l’Ermitage fut fondé en 1764 sous le règne de Catherine II (1729-1796). Sans être le premier musée fondé dans la nouvelle capitale, l’Ermitage s’imposa rapidement comme le plus important, grâce à son étendue et à la richesse de ses collections. Aujourd’hui, les collections du musée comptent près de trois millions d’objets ! L’histoire de ce « palais-musée » n’est rien d’autre qu’une suite de métamorphoses conduisant à transformer un lieu de pouvoir politique en un lieu de contemplation esthétique. Il faut se rappeler qu’au départ un Ermitage désignait des appartements intimes dans lesquels le monarque et un cercle d’élus se réunissaient afin d’échapper à la pesante étiquette de la cour. A Saint-Pétersbourg, au cœur du Palais impérial, c’est dans son « Petit ermitage » que Catherine II exposait ses peintures les plus précieuses tout en s’adonnant à l’art de la conversation. Mais bientôt, face à la « gourmandise » de l’impératrice atteinte de « collectionnite aigüe », le Palais d’Hiver ne suffisait plus. Que faire ? Il était clair que pour exposer ces « murs de peintures », il fallait s’agrandir. Ainsi naquirent le Petit Ermitage (1764-1775), puis le Vieil Ermitage (1771-1787) mais aussi le Théâtre de l’Ermitage. Cet emboîtement de bâtiments s’acheva en 1852 avec la construction du Nouvel Ermitage. Peu après, le Musée Impérial ouvrit ses portes au public, une véritable révolution ! Ce sont donc bien les monarques russes qui ont façonné ce musée extraordinaire en l’enrichissant sans cesse. Mais cette politique « culturelle » ne fut pas seulement à visée esthétique. Rappelons qu’au XVIIIe siècle, collectionner les œuvres d’art était déjà une affaire très sérieuse pour les États dans la mesure où l’art servait déjà depuis longtemps à légitimer le pouvoir des souverains voire à illustrer leurs options politiques. Quant aux « acquisitions » des monarques, elles résultaient autant de dons, de vols, de pillages et d’achats que de… diplomatie. Au début du XIXe siècle, l’Ermitage répondait parfaitement à ce programme, comme le Louvre à Paris ou le Prado à Madrid.

De plus, durant ses 250 ans d’histoire, l’Ermitage, en tant que résidence principale des tsars, fut associé aux moments fondateurs de l’histoire moderne de la Russie : les Décembristes y furent interrogés (1825); Pouchkine réprimandé; la première assemblée législative (Douma) y fut confirmée (1806). C’est là encore que l’oukase abolissant le servage en Russie fut signé (1872) et que le vent de la révolution bolchévique souffla sur la Russie après la prise du Palais d’Hiver en octobre 1917 ! Aujourd’hui, déambuler, flâner dans le musée de l’Ermitage c’est donc aussi accomplir une traversée du récit national russe, faire un voyage parmi les fantômes de l’histoire. Un voyage qui n’est jamais ennuyeux, ponctué par une flopée de chefs-d’œuvre qui se bousculent signés de mains de maîtres : Michel-Ange, Raphaël, Vinci, Caravage, Velasquez, Gréco, Rembrandt, Poussin, Cézanne, Picasso, Matisse, etc. Signalons pour finir les collections archéologiques, uniques au monde, qui de l’or des Scythes aux fresques d’Asie centrale viennent nous souffler à l’oreille ce que nous savions déjà : le musée de l’Ermitage est un lieu unique et fascinant.

Les dates à retenir :

1711 : construction du premier Palais d’Hiver sous Pierre le Grand.

1754 : reconstruction du Palais d’Hiver sous le règne de l’impératrice Élisabeth (1709-1762).

1764 : fondation du « Petit Ermitage » par Catherine la Grande pour y exposer ses collections.

1771-1787 : construction du « Grand Ermitage » et du « Théâtre de l’Ermitage » par Catherine la Grande.

1839-1852 : construction du « Nouvel Ermitage » par l’empereur Nicolas Ier. Ouverture d’une partie du Musée Impérial au public.

1917 : prise du Palais d’Hiver par les bolchéviques.

1922 : l’Ermitage, devenu musée d’État, est ouvert entièrement au public.

1941-1944 : siège de Leningrad par l’armée allemande, les collections sont en partie évacuées et le musée est endommagé.

1948 : les collections Morozov et Chtchoukine consacrées à la peinture française moderne sont partagées entre le musée Pouchkine (Moscou) et le musée de l’Ermitage.

2014 : inauguration des nouvelles salles consacrées à l’art français dans le Palais de l’État-major.

MARDI 03 AOUT a 10h

Votre conférencier

Diplômé de l’Ecole du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.

À lire pour aller plus loin :

Collectif, « L'Ermitage - La Naissance du musée impérial - Les Romanov, Tsars collectionneurs », catalogue de l'exposition de la Pinacothèque de Paris, 2011.

Düchting, Hajo, « Le musée de l’Ermitage », Paris, 2017.

Eisler, Colin Tobia, « La peinture au Musée de l’Ermitage », Paris, 1996.

Gregorczyk, Audrey ( dir.), « Musée de L'Ermitage, l'intégrale des collections » Paris, Éditions de La Martinière, 2014 (2 volumes).


À REGARDER pour aller plus loin :

Sokourov, Alexandre, « L’Arche russe », 2002, DVD, Carlotta Films.

Le site internet du Musée de l’Ermitage : www.hermitagemuseum.org (en anglais).