Trafalgar - Etymologies - La bibliothèque de Storia Mundi

le coup de Trafalgar

de la défaite à l'événement inattendu

L’expression « coup de Trafalgar » vient, c’est évident, de la bataille de Trafalgar. Si l’événement représente une cuisante défaite de la flotte napoléonienne alliée à la flotte espagnole face à l’armada anglaise, l’expression désigne, elle, un coup inattendu aux conséquences désastreuses.

Mais que s’est-il passé au juste le 29 vendémiaire de l’an XIV (ou, si vous préférez une date moins révolutionnaire, le 21 octobre 1805) au large des côtes andalouses pour que le paisible cap de Trafalgar passe ainsi à la postérité dans une expression courante de la langue française ?

Rien ne laissait, de prime abord, supposer une défaite franco-espagnole avec une supériorité numérique en faveur des équipages du vice-amiral Villeneuve (environ 26 000 hommes et 33 bâtiments contre 18 500 têtes et 27 navires).

Le « coup » à proprement parler vint de la tactique audacieuse du vice-amiral Nelson, à la tête de la flotte anglaise. L’art de la guerre en mer voulait, à cette époque, que les navires adverses s’organisent en deux lignes, placées face à face, à la perpendiculaire des vents dominants qu’il s’agissait de remonter avant de virer de bord, tout en faisant pleuvoir les coups de canons sur l’ennemi. Nelson opta pour une tout autre stratégie : il arrangea la flotte anglaise en deux lignes, dans le sens du vent, avec l’objectif de briser en deux la ligne perpendiculaire de l’armada franco-espagnole.

En réalité, la tactique anglaise ne fut pas aussi inattendue qu’on le croit. Plusieurs documents montrent en effet que Villeuneuve avait activement préparé cette éventualité alors que la flotte mouillait à Cadix. La défaite du camp napoléonien n’en fut pas moins cuisante, notamment à cause de la vétusté des vaisseaux espagnols et du cruel manque d’entraînement des équipages pour les manœuvres et le combat naval.

Côté franco-espagnol, la bataille se solde par la perte de 23 navires et de 4 400 marins, sans compter les blessés et les prisonniers. L’Angleterre ne compta, pour sa part, « que » 440 morts (10 fois moins que l’ennemi !) et la perte du regretté vice-amiral Nelson, en l’honneur de qui fut élevé une colonne surmontée d’une statue sur… Trafalgar Square, évidemment.

Bref, on l’aura bien compris, le 21 octobre 1805, ce fut vraiment la Bérézina !


Ci-dessous : Plan de la bataille de Trafalgar datant du 2 janvier 1806. Ce plan manuscrit indiquant la position des deux flottes au début de la bataille est l’œuvre de Jacques Étienne Lucas, capitaine du Redoutable. Le document fut annexé au rapport envoyé à l’amiral Decrès, ministre de la Marine et des colonies. Il est aujourd’hui conservé aux Archives nationales de France (AE/III/230).