Les brosses à dents - Chroniques - La bibliothèque de Storia Mundi

Les brosses à dents de Napoléon

Contrairement à ce que peuvent penser les afficionados des Visiteurs, nos ancêtres prenaient un grand soin de leurs quenottes. Bon, peut-être pas tous, d’accord. Cela dit, l’archéologie atteste de l’antiquité des soins dentaires : les fouilles ont ainsi mis au jour un incroyable bric-à-brac constitué notamment de cure-dents, de bâtons et de pâte à mâcher. Et toc.

Il y a mieux.

A Rome, pour blanchir les dents des élégants et gantes, on utilise même une décoction à base d’urine laquelle contient – comme chacun sait - des sels ammoniacaux fort appréciés par icelles et iceulx. Vous pouvez essayer si le cœur vous en dit.

La brosse à dents – comme la poudre et le kung fu – viendrait de l’Empire du Milieu où elle est attestée dès la fin du XVème siècle.

Après un long voyage, dont les érudits ne peuvent qu’imaginer les étapes, le novateur ustensile arrive en France dans les années 1570. Pile à temps pour les guerres de religion.

A ce moment-là, les poils de la brosse sont constitués de soie naturelle ou de poils de sanglier.

Enfin, la fabrication en série de la brosse à dents débute en Angleterre avec la révolution industrielle. Sur le Continent, la Révolution tout court porte au pouvoir une camarilla de passionarios, séquence politique qui se clôt quand Bonaparte devient Napoléon.

Précisons que ce dernier a été doté par mère Nature d’une fort belle dentition, ce que confirme nombre de contemporains du reste, dentition dont l’empereur prend le plus grand soin. En témoigne ses luxueux nécessaires de beauté lesquels comprennent – outre des brosses à dents (à manche en or !) – tout ce qu’il faut pour curer, détartrer et blanchir les impériales quenottes.

Deux remarques pour finir : le tsar Alexandre Ier – pas bégueule pour deux sous – a piqué dès qu’il en a eu l’occasion l’une des brosses à dents de Napoléon. S’en est-il servi ou bien n’était-ce, pour le Romanov, qu’un trophée parmi d’autres ? L’Histoire ne le dit pas.

Enfin, n’est-ce pas étonnant qu’un tel homme (Napoléon) – à l’hygiène dentaire impeccable – éprouvât une tendre inclination pour Joséphine de Beauharnais, une femme à la dentition plus que douteuse ?

Ci-dessus : l'une des brosses suscitées. Remarquez le N à la base du manche.