apéritif - Chroniques - La bibliothèque de Storia Mundi-9

Un apéritif à Paris en 1908

Cette belle photo de la terrasse du restaurant de l’hôtel de Normandie, situé à Paris, a été prise en 1908. On peut y voir un groupe d’hommes, que l’on suppose être amis, l’air sérieux (on ne souriait pas sur les photos à l’époque), attablés pour l’apéritif.

Tous portent la moustache et tous – sauf un – sont coiffés de divers modèles de couvre-chefs parmi lesquels le melon et la casquette l’emportent. Question chiffons toujours, tous portent veston et bottines.

Les carafes vides, les verres et les petites cuillères que l’on aperçoit nous laissent penser qu’ils ont bu de l’absinthe. Ou de l’anisette. Ou du pastis. Voire du Clacquesin, une impossible mixture de couleur noire – décrite à l’époque comme une liqueur de goudron hygiénique ! - composée d'extraits de pins de Norvège et d'une trentaine d'épices, laquelle boisson fut cela dit médaillée à l'Exposition universelle de 1900 à Paris.

Les deux affichettes que l’on aperçoit de part et d’autre de la tablée nous rappellent que la Ville-lumière était une capitale animée où des spectacles de toutes sortes étaient programmés d’un bout de l’année à l’autre : cirque, théâtre, cabaret, expositions…

Enfin, les tarifs des plats indiqués sur la vitrine semblent des plus modestes puisque ces derniers ne coûtent que quelques centimes : 25, 30, 40, 50 et 60 centimes respectivement. Evidemment, il n’en est rien. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler qu’avant-guerre, le salaire moyen d’un ouvrier non qualifié était de 100 à 140 fr par mois (avec des semaines de 50 à 60h). Rapportés au montant de l’actuel salaire minimum, ces plats coûteraient 25, 30, 40, 50 et 60€. Au minimum.

Bref, l’écrasante majorité des contemporains de nos amis n’avaient visité que les tous premiers étages de la pyramide de Maslow.