Caravage en Sicile

Caravage en Sicile

Tout commence le 6 octobre 1608. « Abandonnant la nuit de la prison maltaise » Caravage « a fui en Sicile, si rapidement qu’il ne put être rejoint ». Poursuivi par l’Ordre de Malte, le peintre est cependant contraint de se déplacer de Syracuse à Messine, peut-être gagne-t-il même Palerme, avant de s'en retourner à Naples dès l’année 1609. Malgré l'inconfort de cette vie de fugitif, le Caravage n'a cessé de peindre et de travailler durant son séjour sur l'île.
 
Au cours de cette conférence, nous chercherons à définir l’incroyable originalité des œuvres siciliennes du Caravage ainsi que l'originalité non moins grande des puissantes compositions qu'il imagine alors. Dans ces dernières, la partie architecturale - laissée vide - joue un rôle et prend un relief non moins important que celui dévolu aux figures elles-mêmes. En Sicile, Caravage a mûri la violence expressive et les contrastes de lumière qui reflètent si bien le développement du drame de sa propre vie.

Au cours de cette présentation vous découvrirez - en un crescendo dramatique - les œuvres encore conservées en Sicile : l'humanité abandonnée de l’Ensevelissement de sainte Lucie de Syracuse, le clair-obscur expressif de la Résurrection de Lazare et enfin l’incroyable originalité iconographique de l’humanité retrouvée de l’Adoration des bergers de Messine.

Les dates à retenir :

1571 : naissance de Michelangelo Merisi à Milan.

1576 : Milan est frappé par la peste : la famille Merisi se réfugie à Caravaggio, dans la région de Bergame, d’où ils sont originaires.

1584 : de retour à Milan, le jeune Michelangelo intègre l'atelier de Simone Peterzano, peintre de l’école lombarde.

1589 : Caravage termine son apprentissage et retourne à Caravaggio.

1592 : début de la période romaine.

1597 : l’artiste commence à travailler pour le cardinal del Monte. Sous sa protection, il obtient la commande des fresques ornant la chapelle Contarelli à l'église Saint-Louis-des-Français. Il peint entre autres Les Musiciens et Le Joueur de luth.

1599 : Caravage devient célèbre et obtient des commandes prestigieuses pour le clergé.

1600 : A Rome, le jeune peintre réalise probablement sa célèbre Nativité pour l’oratoire de San Lorenzo à Palerme, sur commande du marchand Fabio Nuti. L’œuvre sera mystérieusement volée en 1969, et ne sera jamais retrouvée.

Déjà protagoniste de plusieurs épisodes violents, Merisi est emprisonné pour la première fois pour avoir porté l'épée.

28 mai 1606 : au cours des fêtes qui animent la ville de Rome pour l’élection du nouveau Pape, Paul V, Caravage tue un homme, fils d'une puissante famille liée aux Farnèse de Parme. Condamné à mort, il s’enfuit pour éviter la justice.

Octobre 1606 : début de la très féconde période napolitaine. Le maître du clair-obscur y peint entre autres Les Sept Œuvres de miséricorde et La Flagellation du Christ.

Juillet 1607 : départ de Naples et installation à Malte.

Juillet 1608 : Merisi est nommé chevalier de Malte de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

19 août 1608 : Suite à une rixe, le peintre est incarcéré et radié de l'Ordre. Il s’évade et quitte Malte, pour débarquer à Syracuse. Pendant son séjour syracusain, il peint l’Enterrement de Sainte Lucie.

Juin 1609 : l’artiste se rend à Messine, où il réalise l’Adoration des Bergers et la Résurrection de Lazare.

Aout/septembre 1609 : Caravage quitte la Sicile pour rejoindre Naples.

18 juillet 1610 : mort du Caravage dans des circonstances énigmatiques.

Votre conférenciER

Diplômé de l’École du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne en archéologie et histoire de l’art, Laurent Dellac a décidé de se spécialiser sur l’Italie du sud et plus particulièrement sur la Sicile, où il est guide conférencier.

À lire pour aller plus loin :

Giovan Pietro Bellori, Vie du Caravage (trad. B. Pérol), Le Promeneur, 1991.

André Berne-Joffroy, Le dossier Caravage: Psychologie des attributions et psychologie de l’art, Paris, Flamarion, 2010.

Giorgio Bonsanti, Le Caravage, Scala, 1988.

José Frèches, Le Caravage: peintre et assassin, coll. Découverte Gallimard, 1995.

Mina Gregori, Caravage, Gallimard, 1995.

Roberto Longhi, Le Caravage, Editions du Regard, 2004.

Olivier Wickers, Perdre le jour: Caravage en cinq actes, Exils, 2017.

En Italien :

Maurizio Marini, Caravaggio « Pictor Praestantissimus », Newton Compton Editori, 2005.

Fabio Scaletti, Caravaggio, Catalogo ragionato delle opere autografe, attribuite e controverse, 2 vol., Artstudiopaparo, 2017