Rome : de la maîtrise de l'eau... à la fin du monde

Ce que vous voyez-là n'est pas le squelette fossilisé d'une horrible bestiole des temps anciens. Ni même la preuve définitive de la présence parmi nous, pauvres mortels sublunaires, d'êtres supérieurs, pourquoi pas extraterrestres. Et non.

Il s'agit tout simplement d'un banal élément du système d'adduction d'eau de Stabies, l'ancienne Stabiae, une cité située en Campanie, non loin de Pompéi. Et donc, pour le plus grand malheur de ses habitants, tout près du Vésuve.

Il s'agit, plus précisément, d'un échangeur d'où partent - comme on peut le voir - deux tuyaux que les Romains appelaient des fistules (fistula aquaria en VO).

Comme vous le savez sans doute, nombre des canalisations romaines étaient faites en plomb. C'est pourquoi certains auteurs (aujourd'hui totalement dépassés cela dit) ont voulu expliquer la chute de l'Empire par les ravages que le saturnisme aurait causé parmi les élites urbaines.

Implicitement, l'idée, bien sûr, c'est que la civilisation - par ses raffinements idiots - porte en elle-même les germes de sa propre destruction.

Se peut-il que cela soit vrai cela dit ? La réponse est non évidemment.

D'une part, en effet, la recherche ne confirme pas la chose. Bien au contraire, elle l'infirme comme l'a fait il y a une dizaine d'années une équipe lyonnaise du CNRS : le saturnisme n'a pas causé la chute de Rome malgré l'usage de canalisations en plomb.

D'autre part, les Romains étaient conscients que le plomb pouvait avoir sur la santé de fâcheux effets.

Le grand Vitruve ne conseillait-il pas de préférer des conduites en terre cuite à celles en plomb ?

Comme il se plaisait à l'écrire (et aussi sans doute, à le dire ) : « quod per plumbum videtur esse ideo vitiosa, quod ex eo cerussa nascitur : haec autem dicitur esse nocens corporibus humanis. Ita si, quod ex eo procreatur, id est vitiosum, non est dubium quin ipsum quoque non sit salubre. »

Photo : OptimoPrincipi.