Constance II, la pourpre et le sang

Constance II, la pourpre et le sang

Fils de Constantin Ier, Constance II a régné en un temps de grands bouleversements et de grandes violences.

Bouleversements culturels, sociaux, politiques et religieux tout d'abord puisque le IVème siècle de notre ère est marqué par une accélération des transformations à l'œuvre depuis le siècle précédent : le christianisme s'est ainsi imposé comme la religion des élites impériales ; la figure de l'empereur et la nature de son pouvoir sont plus proches désormais de ceux du basileus byzantin que du princeps du Haut-empire ; au vieux clivage citoyen-non-citoyen s'en substitue un autre distinguant à présent les faibles des puissants, les humiliores des honestiores ; les élites préfèrent enfin faire carrière dans l'administration impériale (et bientôt dans l'Eglise) plutôt que de servir leur cité...

Ce monde qui se transforme dans la douleur est en outre marqué par de grandes violences car des guerres endémiques sont menées aux frontières contre les barbares qui se pressent sur le Rhin et le Danube ainsi que contre les Sassanides en Orient. Ces guerres étrangères se doublent de guerres civiles car les usurpations conduites par les grands généraux de Constance II scandent le règne de ce dernier. Pire encore sont les violences domestiques qui tentent de prévenir les luttes fratricides qui ensanglantent l'Empire.

Enfant, Constance II a vu son père exécuter sa mère, Fausta, et son demi-frère, Crispus. A la mort de son père, en accord avec ses frères, il a ensuite décidé du massacre de sa famille, massacre perpétré dans le but d'éviter une guerre civile qui eut lieu pourtant entre ses frères...

Que retenir du long règne de Constance II ? Indéniablement le grand sens de l'Etat d'un empereur, fils et petit-fils d'empereur. Son engagement en faveur de la religion chrétienne également ainsi que la fidélité qu'il témoigne à la politique conduite par son père.

Enfin, comment ne pas penser à l'homme confronté à un pouvoir absolu qui dévore ses représentants comme Chronos engloutissait ses enfants ? 


Les dates à retenir :


7 août 317 : Naissance de Constance II à Sirmium.

8 novembre 324 : Constance II est élevé au rang de César par son père Constantin Ier.

326 : Exécution de Crispus puis de Fausta.

22 mai 337 : Mort de Constantin Ier à Ancyre.

9 septembre 337 : Constantin II, Constance II et Constant Ier, les trois fils survivants de Constantin, sont proclamés empereurs à Viminacium après avoir ordonné le massacre de leurs oncles et la plupart de leurs cousins.

340 : Guerre civile entre Constantin II et et Constant Ier. Le second écrase et tue le premier. L'Empire est désormais partagé entre Constance II - qui règne sur l'Orient romain - et Constant Ier.

350 : Le général Magnence se révolte contre Constant Ier et usurpe la pourpre impériale. L'empereur est capturé et exécuté. Constance II reste le seul empereur légitime en lice.

28 septembre 351 : Constance II remporte la bataille de Mursa contre Magnence. La guerre se prolonge encore deux ans.

11 août 353 : Magnence, une nouvelle fois vaincu, se suicide à Lugdunum. Constance II a réunifié l'Empire à son profit.

354 : Constantius Gallus, l'un des rares cousins survivants de Constance II, est exécuté.

6 novembre 355 : Constance II proclame Julien - son dernier cousin vivant - césar à Milan.

Printemps 357 : Constance II se rend à Rome où il reste un mois.

Février 360 : Julien est acclamé Auguste par ses troupes à Lutèce. Constance II se prépare à livrer une nouvelle guerre civile.

3 novembre 361 : Avant de mourir épuisé par la fièvre, Constance II désigne Julien comme son héritier.


1ere partie en replay

2eme partie en replay

Votre conférencier

Laurent Lanfranchi est historien et directeur de Storia Mundi.

De gauche à droite, les territoires de Constantin II, Constant Ier et de Constance II après le partage de 337.

À lire pour aller plus loin :


Les sources :

Libanios, Panégyrique de Constance II, Autobiographie, Les Belles Lettres, 1979.

Ammien Marcellin, Histoire romaine, Livres XIV-XXI, , Les Belles Lettres, 1979.


Essais :

Claire Sotinel, Rome, la fin d'un Empire : De Caracalla à Théodoric, Belin, 2019.

Peter Brown, La Société et le Sacré dans l'Antiquité tardive, Points, 2002.

Julien Jerphagnon, Julien dit l'Apostat, Editions Tallandier, 2010.

Peter Garnsey et Caroline Humfress, L'évolution du monde de l'Antiquité tardive, La Découverte, 2004.