L’entraide, l’autre loi de la jungle
Ci-dessus : l’édition originale de la traduction française, publiée par Hachette en 1906.
En 1902, l'intellectuel anarchiste Pierre Kropotkine (1842-1921) publie à Londres un ouvrage intitulé l'Entraide, un facteur de l'évolution.
Avec ce livre, Kropotkine entend répondre aux partisans d’un darwinisme appauvris et mal compris, lequel se réduirait pour ces derniers à la compétition pour la vie.
L’idée que seul triomphe le plus fort - ou le plus apte - connait alors un grand succès. Elle est reprise par le sociologue britannique Herbert Spencer (1820-1903), par exemple, pour expliquer l’évolution des sociétés humaines.
Elle nourrit également la pensée géopolitique en fournissant une justification scientifique à l'impérialisme brutal des grandes puissances. Vae victis. Malheur aux vaincus. Et aux plus faibles.
On trouve pourtant chez Darwin l’idée que la coopération est également un puissant facteur évolutif, aussi important que la compétition, idée que Pierre Kropotkine s’est attaché à développer dans l’ouvrage suscité.
Selon Kropotkine, l’entraide - le mot lui a été soufflé par le géographe anarchiste Elisée Reclus (1830-1905) - s’applique bien sûr aux membres de la même espèce - l’homme au premier chef - mais également aux membres d’espèces différentes, un point aujourd’hui bien documenté par l'éthologie… et les réseaux sociaux.
Pour ne donner qu’un seul exemple, jetez un œil à cette vidéo où l’on peut voir un brave hippopotame sauvant un gnou des crocs acérés d’un crocodile.