Quand Pierre III de Russie trahit ses alliés et sauve la Prusse

En décembre 1761, engagées dans la guerre de Sept ans, les armées russes combattent, aux côtés des troupes françaises et autrichiennes, contre les soldats du Grand Frédéric qui ferraillent, eux, aux côtés de la Grande-Bretagne.

En cette fin d’année, sur le front de l’Est, la situation des Prussiens est catastrophique. Menacés par les Russes, qui se rapprochent de nouveau de Berlin, ainsi que par les Autrichiens, les troupes de Frédéric II semblent sur le point d’être écrasées.

L’implacable Friedrich der Große songe au suicide cependant qu’à Paris, on se frotte les mains : la défaite du Prussien permettra de redresser une situation mal engagée dans les colonies et dans le Nouveau monde où les armées de Louis XV subissent défaite sur défaite.

Seulement voilà, la tsarevna Elisabeth Ière meurt le 25 décembre 1761, après un long règne de plus de vingt ans, et son successeur, Pierre III, est tout sauf un chef d’Etat.

Né Peter Ulrich de Holstein-Gottorp le 21 février 1728 à Kiel, ce dernier, un personnage falot à la fois colérique et influençable, idolâtre Frédéric II auquel il est soupçonné d’avoir transmis des informations secret défense du vivant de l’impératrice, sa tante. Aussitôt sur le trône, Pierre III signe une paix séparée avec la Prusse, trahissant ainsi la France et l’Autriche, qu’il abandonne sans un regret.

Remis en selle par ce revirement inespéré, Frédéric II contre-attaque sans plus se poser de questions. Le 21 juillet 1762, il écrase les Autrichiens, laissés seuls, à Burkersdorf.

Quinze jours plus tôt, le 9 juillet pour être précis, Pierre III avait été étranglé par l’amant de sa digne épouse, une certaine Sophie Frédérique Augusta d'Anhalt-Zerbst passée à la postérité sous le nom de Catherine II.

Que retenir de Pierre III si ce n’est qu’entre trahison et précoce trépas, il parvint – malgré son insigne médiocrité et la brièveté de son règne – à bouleverser les équilibres géopolitiques de son temps.

Comme le veut la citation faussement attribuée à Tolkien, même la plus petite personne peut changer le cours de l'histoire.