Karoline Leavitt et Gilbert du Motier
Ci-dessous : cette affiche américaine date de… 1919. Crédit : Washington, Library of Congress.
Il y a peu, Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche, rappelait à ses compatriotes ainsi qu’aux autres terriens qui n’ont point l’heur de baguenauder entre la côte Ouest et la côte Est des Etats-Unis que, sans le sacrifice des courageux GI’s, les Français parleraient allemand aujourd’hui.
On peut évidemment s’interroger sur le bienfondé d’une déclaration qui se peut expliquer aussi bien par l’émotion que par l’inculture.
D’une part, en effet, les Allemands n’ont jamais tenté d’imposer leur langue à leurs innombrables victimes desquelles les autorités du Reich n’attendaient jamais qu’une obséquieuse obéissance plutôt qu’une assimilation enthousiaste qui n’aurait pu – à terme - qu’abâtardir la race des Vainqueurs. D’autant plus que l’on peut très bien collaborer dans sa propre langue. Le régime de Vichy en donne un bon exemple.
D’autre part, en proie à une germanophilie consommée qu’excitait de surcroît un anticommunisme forcené, les élites politiques des Etats-Unis hésitaient encore à l’été 41 sur la marche à suivre : les médiocres calculs d’Hitler sont venus fort à propos sceller une histoire qui aurait pu s’écrire différemment.
Cela étant dit, revenons à la Leavitt : piqués dans leur orgueil national, les Français auront bien sûr pensé au rôle éminent joué par les soldats et les marins de Louis XVI, engagement qui s’incarne dans la personne du marquis de La Fayette, le susnommé Gilbert. Sans eux et sans lui, sans nous si l’on veut, les Américains parleraient encore anglais aujourd’hui.
PS – On l’oublie parfois mais les Etats-Unis n’ont pas été secouru que par la seule France de Louis XVI : l’Espagne et les Pays-Bas sont également entrés en guerre contre l’Angleterre laquelle su se gagner, en Amérique même, le soutien de milliers d’esclaves noirs ainsi que de nombreux Amérindiens, deux communautés victimes de la brutale domination des Insurgents. Dieu que l’histoire est compliquée.