EXPOSITION TURNER AU MUSEE JACQUEMART ANDRE

WILLIAM TURNER AU MUSÉE JACQUEMART ANDRÉ : UNE VISITE VIRTUELLE

William Turner (1775-1841) est considéré comme un des peintres les plus audacieux de l’histoire de l’art. Peintre, dessinateur, graveur, aquarelliste, ce coloriste exceptionnel fut un bourreau de travail. A sa mort en 1851 à Chelsea au bord de la Tamise, la « nation » reçut le legs de son fonds d’atelier riche de milliers de dessins, estampes, aquarelles, et peintures. Ces œuvres - achevées ou non - furent créées tout au long de sa vie et aux dires du critique John Ruskin « pour son propre plaisir. » De cette profusion, la Tate Gallery a extrait 60 aquarelles et 10 toiles pour les prêter au Musée Jacquemart-André le temps d’une exposition.

Cette dernière suit un parcours chronologique embrassant toute la vie artistique de Turner, de sa jeunesse à sa maturité. Elle nous rappelle combien à l’heure du « Grand Tour », Turner fut un voyageur passionné. De 1801 et 1845, il arpenta une partie de l’Europe : Angleterre, Écosse, Pays de Galle mais aussi France, Pays-bas, Suisse et bien sûr l’Italie, carnet de croquis en main.

D’une aquarelle à l’autre, se dessine alors l’image d’un artiste à la curiosité sans limites animé d’une sympathie pour tout ce qui touchait à la nature et à ceux qui l’habitaient. Archéologie, histoire, topographie, météorologie,… Turner s’intéressait pour ainsi dire à tout !

Cette observation permanente de la nature et de ses splendeurs, le conduisit peu à peu à perturber l’ordre des choses. Ainsi, aux œuvres topographiques et sages de ses premiers voyages en Angleterre se substitua une peinture colorée plus vibrante et plus instantanée dès les années 1830. Au cœur de cette révolution se trouvait l’importance donné au regard : « je ne peins pas ce que je sais mais ce que je vois ! » Plus tard, cet éloignement des conventions classiques au profit d’une technique libre ou encore l’idée discutable que Turner ne peignait que pour lui, élevèrent l’artiste au rang de précurseur de l’Impressionnisme et de la peinture abstraite. Rien de moins ! Pourtant, il faut le redire, Turner n’abandonna jamais la représentation du monde bien qu’il en repoussa les limites par sa maîtrise époustouflante et novatrice de l’aquarelle et grâce à une sensibilité enflammée devant la beauté de la nature.

Les dates à retenir :

1775 : Naissance le 23 avril de Joseph Mallord William Turner à Londres d’une père barbier-perruquier dont il restera toujours très proche.

1787 : Les premiers dessins signés et datés de Turner sot exposés par son père dans sa boutique.

1789 : Turner entre à l’école de la Royal Academy de Londres et expose pour la première fois des dessins et des aquarelles l’année suivante.

1802 : Il est élu académicien à la Royal Academy et apparaît comme le peintre majeur de sa génération. Il voyage alors en Suisse et en France. A Paris, il fréquente le Louvre où il étudie les œuvres de Poussin et de Claude Lorrain.

1802-1841 : Turner voyage par intermittence en Europe. En 1819 il voyage pour la première fois en Italie et séjourne à Rome, Naples et Venise. Artiste reconnu, ses œuvres sont recherchées par les collectionneurs.

1837 : Mort de John Constable, l’autre grand paysagiste anglais, mais qui ne connut pas le succès de son vivant. Bien que courtois, la relation entre les deux peintres fut distante.

1843 : Publication des « Peintres modernes » de John Ruskin dans lequel le critique défend totalement l’art de Turner.

1846 :Turner s’installe dans le quartier de Chelsea avec sa compagne Sophie Caroline Booth.

1849 : Président par intérim de la Royal Academy, sa santé décline, c’est le temps des dernières expositions à Londres

1851 : Mort de Turner le 19 décembre. Il est enterré dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul, à Londres. Après sa mort, son ami John Ruskin retrouvera dans son atelier plus de 20 000 tableaux, aquarelles ou estampes aujourd’hui conservés à la Tate Gallery à Londres.

Votre conférencier

Diplômé de l’Ecole du Louvre et de l’université Paris-IV-Sorbonne, Fabrice Delbarre est Guide conférencier-national.

À lire pour aller plus loin :

Lawrence Gowing, Turner : peindre le rien, Macula, 1994.

Olivier Meslay, Turner. L’incendie de la peinture. Gallimard, 2004.

« Turner. Peintures et aquarelles. Collections de la Tate. » Musée Jacquemart-André, Culturespaces, 2020.

« Turner et ses peintres », Catalogue d’exposition, RMN, 2010.


À REGARDER pour aller plus loin :

Mr Turner de Mike Leigh, 2014.