Le “long Risorgimento” italien: des épisodes, des hommes et des femmes

 LE LONG RISORGIMENTO ET L’UNITÉ ITALIENNE

Le 17 mars 1861 fut inauguré le premier parlement de l’Italie unifiée alors que s’achevait la première phase de la construction de la nation qui a pris le nom de Risorgimento. Cette période qui a commencé avec les idées de la Révolution française a déterminé une mutation profonde non seulement politique mais aussi économique et sociale du pays.

L’unification qu’elle a tenté de réaliser est toutefois restée affectée de failles profondes et de contradictions qui traversent encore l’Italie actuelle. Quelques « héros » de cette histoire s’imposent encore dans la mémoire : Mazzini, Cavour, Garibaldi… mais la majeure partie d’entre eux restent inconnus bien qu’ils aient contribué à jeter les bases de l’Italie contemporaine.

La conférence se proposera de parcourir à nouveau les grands moments de cette histoire et d’en présenter les principaux acteurs. En dépit de l’empreinte profonde laissée par la modernisation des réformes napoléoniennes, l’histoire italienne est restée, en longue durée, marquée par des divisions de langue, de législation, mais aussi par des avancées économiques et sociales très contrastées.

Les premières révolutions qui ébranlèrent l’Italie, celles de 1820/1821 et celle de 1830, reflétèrent encore la volonté d’arracher des autonomies locales et furent d’abord des révolutions municipales. Le premier tournant politique et culturel nouveau de ce premier XIXe siècle fut celui de la création de la “Jeune Italie” par Giuseppe Mazzin qui réinterpréta l’idée de l’Italie en termes unitaires. Mais le mouvement révolutionnaire italien devint véritablement “national” à partir de la Guerre d’indépendance dont la dimension patriotique contribua clairement à affirmer l’objectif unitaire défendu à la fois par un courant démocratique et un courant modéré. L’expérience tragique des républiques de Venise et de Rome sanctionna toutefois la voie ouverte par Mazzini. La construction de l’unité s’ancra alors dans l’idée monarchique représentée par la dynastie de Savoie, une option interprétée toutefois par Cavour, “l’Européen” qui avait alors comme modèle, l’Angleterre de la Révolution industrielle et le “juste milieu” politique de Guizot. Mais la dynamique unitaire dut beaucoup aussi à l’élan démocratique donné par le “héros des deux mondes”, Garibaldi, qui eut la volonté de “forcer” le processus unitaire à intégrer aussi la partie méridionale de l’Italie.

Le 17 mars 1861, voilà 160 ans, fut inauguré, à Turin, le premier parlement de l’histoire italienne. Mais pour “conclure” le Risorgimento, il manquait encore deux épisodes décisifs: la III e Guerre d’indépendance (1866) et la prise de Rome (1870), nouvelle capitale. Cette longue histoire s’inscrivait ainsi de manière originale dans un long XIXe siècle européen où se construisaient les États-nations.

Les dates à retenir :

1797: Fondation à Reggio Emilia de la République Cispadane (9 janvier), première république jacobine italienne qui adopta le drapeau tricolore blanc-rouge-vert.

1805 : Naissance du Royaume d’Italie. Napoléon couronné le 26 mai.

1817-21 : Révolutions libérales (Palerme 1820 ; Turin et Alessandria 1821).

1832 : Giuseppe Mazzini fonde la Jeune Italie.

1846 : Pie IX (1846-1878) devient Pape.

1848 : De janvier à mars insurrections en Italie

1858 : Accords de Plombières entre le Royaume de Sardaigne et Napoléon III.

1859 : 23 avril-24 juin : Seconde guerre d’indépendance.

1860 : Mars : L’Émilie et la Toscane votent l’annexion au Royaume de Sardaigne.

Au départ de Quarto (Ligurie), expédition des Mille de Garibaldi.

1861 : À Turin ouverture du premier parlement italien (17 mars). Victor-Emmanuel II prend le titre de Roi d’Italie.

1866 : Troisième guerre d’indépendance. L’Autriche cède la Vénétie à l’Italie.

1870 : Les troupes italiennes entrent à Rome (20 septembre). Par plébiscite Rome et le Latium sont annexés à l’Italie.

Votre conférenciere

Elena Musiani est docteure en Histoire contemporaine de l’Université de Bologne et chargée de recherche à l’Université de Bologne. Ses travaux portent sur l’histoire politique et sociale de l’Italie du XIXe siècle et sur l’histoire des femmes. Elle a publié en 2018 Faire une nation. Les Italiens et l’unité (XIXe-XXIe siècle), Paris, Gallimard.

À lire pour aller plus loin :

Pierre Milza, Histoire de l’Italie. Des origines à nos jours, Paris, Fayard, 2005.

Pierre Milza, Serge Bernstein, L’Italie contemporaine des nationalistes aux européens, Paris, Armand Colin, 1973.

Elena Musiani, Faire une nation. Les Italiens et l’unité (XIXe-XXIe siècle), Paris, Gallimard ( Folio Histoire), 2018.

Gilles Pécout, Naissance de l’Italie contemporaine (1770-1922), Paris, Nathan, 1997.