Le sexe sous l’Empire

LE SEXE SOUS L'EMPIRE

La chute de l’Ancien Régime a aussi conduit à une révolution sexuelle dont on mesure les effets à plusieurs niveaux. La fin, au moins provisoire, de l’emprise de l’Église catholique sur la société a eu pour conséquence une large diffusion du contrôle des naissances que la France est le premier pays à pratiquer à cette échelle. Certes les pratiques sexuelles en elles-mêmes évoluent lentement et la grande majorité des Français vivent une sexualité assez sommaire liée aux conditions de vie précaire, à l’âge tardif au mariage, à la promiscuité du foyer familial. On s’intéressera néanmoins aux différentes facettes de cette sexualité, aux rapports précédant le mariage, à la nuit de noce, à la masturbation, au quotidien des couples mariés. On dispose de peu de témoignages directs sur ces pratiques, mais l’on peut s’appuyer sur les sources judiciaires pour les approcher, notamment celles qui concernent les infanticides, les viols ou les cas de bigamie.

En contrepoint, on s’intéressera naturellement à la sexualité des élites, en commençant par Napoléon et les membres de sa famille. L’esprit libertin qui régnait au XVIIIe siècle et qui fut réactivé sous le Directoire, ne disparaît pas sous l’Empire, malgré une politique visant à un plus strict contrôle des mœurs, mais qui vaut surtout pour le peuple. De ce point de vue, le Code civil, puis le Code pénal impose un nouvel ordre moral sans pour autant remettre en question la dépénalisation de la prostitution ou de l’homosexualité. L’analyse de la littérature érotique confirme cette tendance à vouloir moraliser la société. On est loin des ouvrages publiés par Sade à la fin du XVIIIe siècle, alors que lui-même est interné.

L’armée forme un monde à part. Près de 2,5 millions Français, célibataires, âgés de 20 ans, en ont fait partie, ce qui pose la question du rapport de ces soldats aux femmes, en France comme dans les pays conquis et conduit à s’interroger aussi sur les formes de violences sexuelles qui sont une autre facette de ces temps troublés.

Les dates à retenir :

20 septembre 1792 : loi autorisant le divorce.

29 septembre 1795 : première séparation de l’Église et de l’État.

10 novembre 1799 : coup d’état de Brumaire.

8 avril 1802 : loi sur l’organisation des cultes.

21 mars 1804 : promulgation du Code civil.

2 décembre 1804 : sacre de Napoléon et Joséphine.

2 avril 1810 : mariage de Napoléon et Marie-Louise.

12 février 1810 : promulgation du Code pénal.

21 mars 1811 : naissance du roi de Rome.

22 juin 1815 : seconde abdication de Napoléon.

MARDI 22 JUIN À 10H

Votre conférencier

Jacques-Olivier Boudon, ancien élève de l’École Normale Supérieure, est professeur d’histoire de la Révolution et de l’Empire à la faculté des Lettres de Sorbonne Université et président de l’Institut Napoléon. Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont dernièrement La campagne d’Égypte (Belin, 2018), Le Sexe sous l’Empire (Vuibert, 2019), Les Quatre Sergents de La Rochelle (Passés/Composés, 2021) et Napoléon, le dernier Romain (Belles Lettres, 2021).

À lire pour aller plus loin :

Jacques-Olivier Boudon, Le Sexe sous l’Empire, Paris, Librairie Vuibert, 2019.

Jacques-Olivier Boudon (dir.), Napoléon et les femmes, Paris, SPM, 2013.

Sylvie Steinberg (dir.), Une histoire des sexualités, Paris, PUF, 2018.


PARMI LES OUVRAGES DU PR BOUDON :

L'Empire des polices : comment Napoléon faisait régner l'ordre, Vuibert, 2017.

La campagne d’Égypte, Belin, 2018.

Les Quatre Sergents de La Rochelle, Passés/Composés, 2021.

Napoléon, le dernier Romain, Belles Lettres, 2021.