Le street art, la rue est un musée

LE STREET ART,
LA RUE EST UN MUSÉE

Qui ne s'est pas retourné sur un mur bariolé aux aspects de galerie d'art ? Qui ne s'est pas laissé surprendre au détour d'une place par une sculpture plus vraie que nature ? L'art est maintenant partout… et celui qui s'expose à tous les coins de rue manifeste la volonté d'artistes de venir à notre rencontre dans les espaces qui nous sont les plus familiers. Sur la trace de ces street-artistes souvent anonymes mais toujours remarquables, à notre tour d'ouvrir les yeux pour découvrir des œuvres dé-routantes, amusantes, parfois même inquiétantes qui jouent avec nos sens et nos habitudes afin de nous interpeller sur des thèmes bien actuels (des relations humaines aux questions environnementales) et notre rapport à l'espace urbain.

Lors de cette conférence, nous reviendrons sur l'évolution de la place de l'art dans l'espace public et notamment sur ses déclinaisons les plus récentes afin d'aborder la démarche particulière des street-artistes, leurs techniques et leurs conditions de création.

Photos : Dan23 sur un boîtier électrique de la ville / Collectif FAILE sur la façade du Musée d'Art Contemporain et sur la gare.

Les dates à retenir :


1895, Le Monument aux Bourgeois de Calais d'Auguste Rodin est installé sur le parvis de la mairie. L'œuvre, très contestée, révolutionne la conception du monument commémoratif et le rapport des passants aux œuvres dans l'espace public.
1961
, Brassaï édite son livre "Graffiti" après l'exposition dès 1956 de ses photos de fragments de murs parisiens "fleurs sauvages et éphémères de l'art, qui s'épanouissent partout sur les murs des quartiers de Paris" au MoMA de New York. Il contribue ainsi à la reconnaissance artistique et poétique de ces signes et dessins gravés.
1963
, premières peintures de Gérard Zlotykamien sur les murs de Paris. Ces personnages qu'il appelle "éphémères" sont un rappel des ombres qui se sont imprimées sur les murs d'Hiroshima après l'explosion.
1966
, premiers collages d'affiches au pochoir d'Ernest Pignon-Ernest sur le plateau d'Albion dans le Vaucluse pour dénoncer l'attirail nucléaire enfoui sous les champs.
1967-1968
, à Philadelphie et à New-York apparaissent les premiers graffitis à la bombe signés (tags).
1979
, premières interventions à la bombe, dans la rue par Epsylon Point. Il réalisera en 1982-1983 les premiers pochoirs en couleur.
Les années 1980 et 1990
 voient l'éclosion de nombreux artistes muraux en France : Jérôme Mesnager et ses hommes blancs, Jeff Aérosol et ses pochoirs ainsi que ceux de Miss Tic et de Nuklé-Art, les fresques de Speedy Graffito, des Frères Ripoulin, etc. Dans le même temps, quelques initiatives, assez isolées, tentent de consacrer ces nouvelles formes artistiques mais l'époque est aussi marquée par le renforcement d'un appareil législatif et répressif.
Depuis la fin des années 2000
, le graffiti se profile de plus en plus comme l'expression artistique moderne par excellence. Les villes du monde entier font appel à des street-artistes pour des œuvres valorisant des quartiers et leurs populations. Des collectionneurs s'orientent vers ces formes d'art, des galeries spécialisées s'ouvrent, créant la polémique autour des valeurs initiales des artistes du street-art.


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conférencière

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.

À lire pour aller plus loin :


Jean-Luc Chalumeau, L'art dans la ville, Édition du cercle d'Art, 2000

Duccio Dogheria, Street-Art - Histoire, techniques et Artistes, Édition Place des Victoires, Paris, 2016

Bjorn Van Poucke, Street art / today², les 50 artistes actuels les plus influents, Éditions Alternatives, 2019

Guide du street-Art en France, Éditions Alternatives, 2019

Rafaël Schacter, Atlas du Street-Art et du Graffiti, Flammarion, 2017