Les vies de Henri de Toulouse-Lautrec

LES VIES D'HENRI DE TOULOUSE-LAUTREC

De l’artiste Henri de Toulouse-Lautrec, on retient généralement le peintre des nuits montmartroises, le Moulin Rouge et les danseuses de French Cancan, les prostituées et leurs clients dans les maisons closes. Il demeure l'artiste d'un univers de noctambules aux gestes saccadés, aux visages sauvagement éclairés par les premières lumières électriques et aux allures grotesques de danseurs désarticulés.

Mais en s'installant à Paris en 1881, le peintre découvre bien plus que la frénésie des nuits parisiennes. La modernité s'exprime de mille façons et il ambitionnera d'en traduire toutes les facettes : vitesse, dynamisme, mouvements. Tout ce qui intéresse ses contemporains le passionne, du cirque aux courses cyclistes, des estampes japonaises aux affiches publicitaires. Il regarde tout avec précision et nous le livre avec un esprit incisif, sans idéalisation et sans compromis. À bien y regarder, son œuvre singulière annonce bien des aspects de la peinture moderne du 20e siècle même si ses addictions et sa santé fragile lui laissèrent peu d’années pour créer.

Les dates à retenir :

24 novembre 1864 : naissance d’Henri-Marie Raymond de Toulouse-Lautrec à Albi, fils ainé du comte Alphonse Charles de Toulouse-Lautrec-Monfa et de sa cousine germaine Adèle Zoé Tapié de Céleyran. Ils se séparent l’année suivante et Henri reste vivre avec sa mère.

1874 : On lui diagnostique une maladie affectant le développement des os qui entraînera un retard de croissance. Adulte, il ne dépassa pas 1,52 mètre.

1881 : Ayant décidé de devenir artiste, il s’installe à Paris où il entre dans l’atelier de René Princeteau, un peintre animalier ami de son père. Il fréquentera ensuite celui de Léon Bonnat puis celui de Fernand Cormon pendant 4 ans. Il y fréquente Vincent van Gogh, Emile Bernard et Louis Anquetin.

1886 : Ses dessins sont publiés dans les journaux parisiens Le courrier Français, Paris illustré et Le Mirliton dont le directeur avait exposé quelques-unes de ses œuvres l’année précédente. D’ailleurs à la fin de l’année 1887, il participe à une exposition avec Van Gogh, Anquetin et Bernard au Grand Bouillon, un restaurant populaire, boulevard de Clichy … sans succès. Mais en 1888, il envoie 11 toiles à Bruxelles pour l’exposition du Groupe des XX. Il y est invité 3 années de suite.

1893 : Maurice Joyant, son ami d’enfance devenu marchand, organise à la galerie Boussod et Valadon, la première grande exposition de Toulouse-Lautrec, qu'il partage avec le graveur Charles Maurin. Cette même année, il rencontre les frères Natanson, directeurs de La revue Blanche à laquelle il collaborera. Son talent d’affichiste le fait connaître et attire vers lui les grands artistes du moments, telle Jane Avril et Aristide Bruant.

1895 : A la demande de la danseuse de Cancan, La Goulue, il réalise 2 grands panneaux afin de décorer sa baraque à la Foire du Trône. Tristan Bernard lui fait découvrir le monde des vélodromes. Il consomme des alcools de plus en plus forts et de plus en plus souvent.

1896 : Publication d’un recueil de 11 œuvres en couleur, Elles, dressant un portrait sans concession de la prostitution. Il participe à l’Exposition internationale de l’affiche à Reims.

1899 : Après une énième crise de délirium tremens, il est interné pour désintoxication quelques mois au cours desquels il réalise une série de dessins sur le cirque.

1901 : Rentré à Paris mi-avril, il met de l’ordre dans ses affaires, signe des tableaux en détruit d’autres puis quitte Paris pour Taussat à la mi-juillet. Il est ensuite conduit chez sa mère au château Malromé à Saint-André-du-Bois où il meurt le 9 septembre à 36 ans d’une hémorragie cérébrale.

Il laisse 737 peintures, 275 aquarelles, 369 lithographies (dont les affiches) et 4784 dessins.

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conférencière

Nathalie Douay est historienne de l'art et conférencière nationale.

À lire pour aller plus loin :

Toulouse-Lautrec, Résolument moderne, catalogue d’exposition, 2019, Éditions RMN-Grand Palais.

Henri de Toulouse-Lautrec, Correspondance, Herbert D. Schimmel (éd.), introduction de Gale B. Murray, Paris, Gallimard, coll. « Art et artistes », 1992.

Madeleine Grillaert Dortu, Toulouse-Lautrec et son œuvre, New York, Collectors Éditions, coll. « Les artistes et leurs œuvres », 6 vol., 1971.