Edme Bouchardon (1698-1762), de chair et de marbre

Edme Bouchardon (1698-1762), de chair et de marbre

« Il n’y a point de naturel sans artifice », disait Bernin, le maître absolu du XVIIe siècle qui influença deux ou trois générations de sculpteurs dans toute l’Europe. Raffinement de la matière polie, virtuosité des accents, souplesse des attitudes : telles sont, avec la finesse maniérée des formes, les caractères de la sculpture académique en France entre 1715 et 1760. Le classicisme versaillais s’assouplit au contact des œuvres modernes découvertes par les lauréats de l’Académie royale qui séjournent plusieurs années à l’Académie de France à Rome. Amorcé par Antoine Coysevox et ses disciples à Marly, notamment Guillaume I Coustou, auteur des fougueux chevaux de Marly (1739-1745), la sculpture rococo française est dominée par plusieurs dynasties d’artistes comblés de commandes royales, religieuses et privés. Mythologie, monument et portrait, bronze, marbre ou terre cuite : la sculpture est l’un des domaines majeurs du XVIIIe siècle français. Servie par des virtuoses, de Pigalle à Houdon, elle déploie son raffinement loin dans le siècle tout en adaptant son langage à des enjeux nouveaux, parmi lesquels l’expression de l’individualité. Lorsqu’on évoque le nom de Bouchardon on pense immédiatement à Edme, sculpteur et dessinateur de Louis XV, auteur de la fontaine de la rue de Grenelle à (1739-1745) ou de l’Amour se faisant un arc de la massue d’Hercule (1750). Artiste de génie dont les œuvres et un nombre considérable de dessins peuplent de nombreux musées et collections, il ne faut pas oublier que les Bouchardon étaient une famille d’artistes comptant deux autres sculpteurs de renom : le père Jean-Baptiste et le frère cadet Jacques-Philippe. Il est important d’évoquer cette filiation dans la mesure où Edme Bouchardon effectua ses premières armes dans l’atelier dijonnais de son père. Prix de Rome en 1722, puis éminent professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture, Bouchardon déploya un style très personnel, fusion harmonieuse et originale de l’Antique et du néoclassicisme français, dont il fut le précurseur. Loin de l’artifice en vogue à son époque, il sut acquérir une technique réaliste et rigoureuse grâce à laquelle les chairs de marbre prenaient vie.

Image : CC BY-SA 3.0 File:Fontaine des quatre saisons detail.jpg

Les dates à retenir :

1722 : Prix de Rome.

1723 : Arrivée à Rome en compagnie du sculpteur Lambert Sigisbert Adam dit Adam l’Aîné. Ils se perfectionnent à l’Académie de France. Il restera neuf années dans la capitale italienne.

1732 : Bouchardon quitte Rome pour paris. Il est logé au Louvre, est nomme sculpteur du roi.

1735 : Commande des groupes du bassin de Neptune à Versailles à la suite d’un concours. Asam l’Aîné et Bouchardon sont retenus.

1739 : Bouchardon commence la Fontaine des Quatre-Saisons rue de Grenelle à Paris.

1745 : Nommé adjoint au professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture.

1746 : Nommé professeur à l’Académie royale de peinture et de sculpture mais se fait suppléer par Nattier.

1748 : La Ville de Paris commande une statue équestre du roi pour la place Louis XV.

1750 : Achèvement de la mise en place de L’Amour se faisant un arc de la massue d’Hercule à Versailles.

MARDI 28 SEPTEMBRE 18h

Votre conférencier

Docteur en Histoire de l’Art moderne de l’université Michel de Montaigne (Bordeaux 3), chercheur associé Criham-Unilim, enseignant en classes préparatoires, Christophe Levadoux est spécialiste de l’Histoire de l’Architecture et des arts décoratifs français au XVIIIe siècle, à travers notamment le mécénat artistique des princes de Bourbon-Condé. Auteur de nombreux articles scientifiques liés à son sujet de spécialité et au patrimoine auvergnat, sa thèse Louis-Henri de Bourbon (1692-1740), prince des Lumières doit être publiée prochainement en deux volumes (vol 1. Les bâtiments ; vol.2. Les objets d’art). Conférencier reconnu en région Rhône-Alpes-Auvergne, son esprit résolument progressiste et iconoclaste le pousse à vulgariser l’Histoire de l’Art auprès d’un public avide de ses présentations érudites et décalées. Sa devise ? « Le courage a le mérite que l’on se doit pour exister » Sonia Lahsaini.

À lire pour aller plus loin :

Caylus (Comte de), Vie d’Edme Bouchardon, sculpteur du roi, Paris, Chapitre [édition 1762], 2016.

Ronot (Henri), Jean-Baptiste Bouchardon, architecte et sculpteur, Dijon, Faton, 2002.