Rémunération :
mieux vaut être aurige hier que footballeur aujourd'hui
Contrairement à la rémunération des dirigeants des grandes entreprises mondialisées - lesquelles suscitent régulièrement d'acerbes critiques - celles des acteurs, influenceurs et sportifs semblent aller de soi.
Celles des footballeurs notamment, pourtant régulièrement classés parmi les sportifs les mieux rémunérés.
Ainsi, selon le magazine Forbes, en 2022, c'est un footballeur qui est le sportif le mieux rémunéré au monde avec un revenu annuel de pas moins de 130 millions de dollars.
C'est pas mal. Non, franchement.
Surtout quand on pense que le salaire moyen en Bulgarie par exemple est inférieur à 700€/mois. Sur la base d'un tel revenu annuel (soit 8 400€), il faudrait bosser près de 15 000 ans pour gagner l'équivalent de ce que la susdite star du foot empoche en une année. Grosso modo la même durée que celle de la longue période qui va de la fin du paléolithique à aujourd'hui. Bigre.
Quoi qu'il en soit de ces comparaisons, tout cela n'est rien (non, rien) au regard de la kolossaale fortune accumulée par le sportif le mieux payé de l'Histoire (et pas seulement de l'année 2022, pffffff...).
L'heureux élu est né à Lamego, au Portugal, il y a près de 2 000 ans, en 104 de notre ère pour être précis. Il s'appelait Gaius Appuleius Dioclès. Remarquons en passant que les Romains de pure souche - si tant est qu'il y en eut - auraient tout de suite reconnu au cognomen un provincial romanisé. Qu'importe, cela dit, car Rome savait faire de l'Autre, un parfait Romain comme vous et moi. C'était son génie à Rome. Sa marque de fabrique. Bref. Reprenons.
Les contemporains du ci-devant Dioclès lui ont décerné le titre de meilleur aurige de tous les temps. Non pas parce qu'il a remporté plus de course que qui que ce soit au monde - il n'en aurait remportées que 1 462 alors que Scorpus en aurait gagné 2 048 et Pompeius Musclosus 3 559 - mais plutôt parce qu'il a remporté les courses les plus prestigieuses. Et donc les mieux dotées.
Au total, ce cher Gaius Appuleius Dioclès - aujourd'hui on abrégerait en GAD - aurait en effet empoché la bagatelle de près de 36 millions de sesterces. L'équivalent - après des calculs complexes - de plus de 15 milliards de dollars. Soit plus d'un siècle de revenu du sportif précité.
Bloody hell !
Un bel exemple tout à la fois d'une hallucinante ascension sociale et de non moins stupéfiantes inégalités sociales.
Un quadrige dont l'aurige vient de remporter une course. Cette belle mosaïque date du IIIème siècle. Elle est donc postérieure aux évènements dont nous avons parlé. Elle est aujourd'hui conservée au musée archéologique de Madrid.