Bernard, Rufus - Etymologies - La bibliothèque de Storia Mundi

BERNARD, RUFUS ET SITTING BULL


Les Western nous ont appris que les Indiens portaient des noms qui avaient l’insigne avantage de permettre aux gens civilisés de savoir immédiatement à qui ils avaient affaire, c’est-à-dire à des sauvages. Vous en doutez ? Franchement, quel gentleman occupant – par exemple - l’honorable fonction de clerc aux écritures répondrait au prénom de Taureau Assis ? Franchement ?

Pourtant à bien y réfléchir, les Anciens – qu’ils fussent Grecs, Romains ou même Francs – ne procédaient pas autrement quand il s’agissait de choisir le prénom du petit dernier (ou du grand premier que l’on oublie toujours). Voilà notre gentleman qui déchante.

Ainsi, par exemple, Héraclès (Ἡρακλῆς) ne signifie rien d’autre que Gloire d’Héra. Quant à Agamemnon (Ἀγαμέμνων), traduit en vf, il se prénommerait, lui, Très Persistant, un prénom qui colle bien au roi de Mycènes, une homme qu’Homère, Eschyle et Marion Zimmer Bradley présentent comme une sacrée tache (pouf pouf).

Il n’en va pas autrement à Rome où les cognomen ont tous une signification aussi concrète qu’imagée. Pour n’en citer que quelques-uns : Rufus signifie Roux, Sextus, Sixième, Varron, Pustule et Brutus, Balourd…

Et chez les anciens Germains, les Francs par exemple ?

Et bien, c’est un peu la même chose. Le moderne Louis vient du germanique Hlodweg, Puissant au Combat ; Bernard signifie Ours Fort (ou courageux) et Frédéric, de Friedrik, Roi de Paix ou Roi Pacificateur (à coups de sécateur).

Finalement, on peut dire que, d’une certaine manière, la différence entre Bernard et Sitting Bull, c’est que le premier a oublié la signification de son prénom.

Ci-dessous : puisqu’on en parle, voici une photo du célèbre chef des Lakotas Hunkpapas (les Sioux) Tȟatȟáŋka Íyotake en 1885.