James Tissot, l'ambigu moderne

James Tissot, l'ambigu moderne

Il n’y encore pas si longtemps, James Tissot restait dans l’ombre des impressionnistes, considéré par le grand public comme l’un de ces peintres mondains à peine capable de rivaliser avec un appareil photographique, sans réel génie mais avec tant de chic. L’exposition du musée d’Orsay (jusqu’au 13 septembre 2020) rend enfin hommage au talent exceptionnel de ce grand artiste qui a su, comme personne, rendre compte de la société londonienne puis parisienne comme l’auraient fait Zola croisé avec Maupassant. Beaucoup de chic, en effet, pour les étoffes représentées avec élégance et amour de leur matière, ce qui n’a rien d’étonnant pour ce fils de drapier qui adorait visiblement les femmes et ce qui les mettait en valeur.

Si les jeunes années de l’artiste sont consacrées à assimiler la manière et le savoir-faire de ses aînés, il ne se tourne pas pour autant du côté des impressionnistes, mais continue à se montrer au Salon et trouve une clientèle mondaine qui lui permet d’amasser une fortune confortable, dont on pourra au passage admirer les effets, car il représente volontiers des visiteuses admirant ses bibelots et objets japonais.

Après la Commune, Tissot l’anglophile s’exile précipitamment à Londres et dépeint le milieu londonien d’un œil acéré, ce qui ne plaît pas toujours au public concerné. Qu’à cela ne tienne, l’artiste amoureux se met au vert dans sa demeure agrémentée d’un jardin inspiré entre autres par le parc Monceau. C’est là qu’il abrite ses amours avec sa muse, Kathleen, femme divorcée, donc outrageusement scandaleuse. Las, les tableaux témoignent de la beauté étiolée jour après jour de la belle qui décède de la tuberculose. De retour à Paris, inconsolable, James Tissot se lance dans le portrait de la Parisienne. Là encore, le public est refroidi par la sans doute trop grande justesse d’observation d’une peinture riche de sous-entendus que tout un chacun entend, à l’époque. Puis, c’est le mysticisme où va se plonger à corps perdu le peintre, se transformant en orientaliste inspiré après ses voyages en Terre Sainte et se lançant dans l’illustration de la Bible.

Ce sont ces aspects et beaucoup d’autres que mettra en lumière la conférence.


LES DATES À RETENIR :


15 octobre 1836 - Naissance de Jacques-Joseph Tissot, dit James Tissot, à Nantes.

1855-1857 - Tissot suit l’enseignement entre autres d’Hippolyte Flandrin (élève d’Ingres).

Juin 1871 - Départ précipité de Paris pour s’installer à Londres.

1876 - Rencontre Kathleen Newton et l’installe avec lui dans sa maison de Grove End Road.

1882 - Mort de Kathleen de la tuberculose le 9 novembre. Retour à Paris le 15 novembre.

1885 - Cycle de 15 tableaux : La Femme à Paris.

1886 - Séance de spiritisme où Tissot pense être entré en contact avec l’esprit de Kathleen.

1886-1888-1896 - Trois voyages en Terre Sainte.

1895 - Exposition de 365 illustrations de La Vie de N.-S. Jésus-Christ.

8 août 1902 - Décès de James Tissot d’une fièvre pernicieuse.

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conférencière

Docteur en histoire de l’art, Catherine Jordy enseigne à l’Université de Strasbourg l’histoire de l’art et du cinéma. Elle a publié aux éditions Serge Domini l’Alsace vue par les peintres et Strasbourg intime.

À lire pour aller plus loin :


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James Tissot, La vie du Christ : la bible de Tissot

Gérard Denizeau, James Tissot

Thierry Grillet, James Tissot

Cyrille Sciama, James Tissot et ses maîtres

Nancy Rose Marshall et Malcolm Warner, James Tissot : Victorian Life/Modern Love

Connaissance des arts - hors série, James Tissot