Depuis près d'un an, à la suite des dénonciations et des mises en garde russes, un nouveau mot s'est imposé dans les médias : celui de cobelligérance.

Commençons par le plus simple.

La cobelligérance se distingue évidemment de l'alliance laquelle implique de combattre, ensemble, un ennemi commun.

Mais alors, qu'est-ce donc que la cobelligérance si ce n'est pas un synonyme d'alliance ?

La cobelligérance, pourrait-elle signifier combattre - sans être alliés - le même adversaire, presque par inadvertance en somme ?

Sans doute pas et il y a fort à parier que le Kremlin pensait à tout autre chose en employant ce mot.

Très vraisemblablement, Moscou entendait en fait dénoncer cette très vieille pratique qui consiste - pour une puissance tierce - à soutenir l'un des deux belligérants engagés dans un conflit dans le but évident d'en retirer des avantages stratégiques et/ou politiques.

Pour ne citer que quelques exemples :

L'Allemagne, l'Italie et l'URSS sont intervenues dans la guerre d'Espagne en soutenant les rebelles pour les deux premières, la République pour la dernière sans que l'Allemagne, l'Italie et l'URSS soient en guerre les une contre les autres.

Quinze ans plus tard, l'URSS et la Chine ont soutenu la Corée du Nord contre la Corée du Sud supportée par une coalition internationale dirigée par les USA (toute ressemblance avec des évènements survenus au Proche-Orient au début des années 2000 est purement fortuite) sans, de nouveau, que l'URSS et la Chine soient en guerre contre les USA.

Les mêmes (l'URSS et la Chine), ont ensuite soutenu le Vietnam (sans entrer dans les détails d'une situation fort complexe au demeurant) contre la France puis les Etats-Unis sans, de nouveau, que l'URSS et la Chine soient en guerre contre la France et les USA.

Enfin, une décennie plus tard, les USA ont pris leur revanche en soutenant les Moudjahidins afghans contre l'armée soviétique sans, là encore, que les USA soient en guerre contre l'URSS. Bien au contraire, pendant que se déroulait la guerre en Afghanistan, Gorbatchev et Reagan (Gorbi surtout) s'apprêtaient à mettre un terme à la course aux armements et à la guerre froide.

Bref, malgré l'âpreté des conflits sus listés et malgré la réalité et l'importance du soutien matériel et humain consenti à l'un des belligérants par une puissance tierce, la situation a toujours été on ne peut plus claire : soit un pays est en guerre contre un autre pays ; soit il ne l'est pas. La cobelligérance n'existe pas.