Le théâtre de Marcellus : rien ne se perd qui ne se transforme
Ci-dessous : le théâtre-forteresse-palais de Marcellus. Sur cette belle photo de Giorgio Teti, on distingue nettement les différentes strates qui composent le bâtiment actuel : sur les arches antiques s’étagent les habitations édifiées à l’époque moderne.
Situé à Rome, au Champ de Mars, le théâtre de Marcellus est l’un des plus anciens théâtres en pierre de la ville éternelle. Il a été édifié sous le principat d’Auguste (27 av. J.-C.-14 ap. J.-C.), à l’emplacement d’un édifice préexistant, en bois, datant du début du IIème siècle avant notre ère, emplacement sur lequel le divin Jules projetait déjà la construction d’un théâtre avant d’être assassiné aux ides de Mars. Notons au passage que les historiens n’ont jamais pu établir de corrélation entre ces deux faits. Sans doute parce qu’il n’y en avait pas. Poursuivons.
Auguste dédia le théâtre à son gendre et neveu, Marcellus, fils d’Octavie, sa sœur, et digne époux de Julie, sa fille. Cela dit le Marcellus en question passa de vie à trépas avant la fin des travaux laissant la cour dans un état d’inquiète consternation : une malédiction pesait-elle sur le lieu ?
Sans doute pas car – une fois ouvert au public – le théâtre de Marcellus traversa les siècles heureux du Haut-empire sans autre drame. Dégradé au IVème siècle, le théâtre était encore en fonction au début du Vème siècle quand les Goths d’Alaric s’emparèrent de la Ville (410).
Les convulsions qui accompagnèrent la disparition de l’Empire romain d’occident (remarquons au passage que l’autre moitié de l’Empire survécut la bagatelle d’un millénaire ou peu s’en faut), scandées par les sacs à répétition de sa capitale déchue détournèrent les Romains du théâtre en général et de celui de Marcellus en particulier.
L’édifice allait-il disparaître ?
Et bien, non car solidement bâti et bien situé, il fut transformé en forteresse au cours du Moyen-âge avant de subir une nouvelle transformation radicale au XVIème siècle quand l’architecte Baldassare Peruzzi en fit un palais destiné à accueillir la famille Savelli.
En ce sens, le théâtre de Marcellus vérifie la formule de Lavoisier (avec une petite modification cependant) qui veut que rien ne se perd qui ne se transforme.