Cet homme rend grâce aux dieux
Pour rassurer le visiteur interloqué qui découvrirait la sculpture que vous avez sous les yeux en déambulant nonchalamment à travers les salles du musée d'art et d'archéologie de Senlis, il faut préciser incontinent que cette dernière ne représente pas un exhibitionniste des temps anciens.
Bien au contraire.
Ce torse étêté est en fait un ex-voto – très certainement offert par un homme pieux - à une divinité en remerciement pour une guérison souhaitée ou obtenue.
L’expression ex-voto - ex-voto suscepto dans sa forme complète – signifie d'ailleurs littéralement « suivant le vœu fait.»
Précisons à ce propos - pour le seul plaisir d’être un poil cuistre - que cette formule est entrée dans la langue française en 1643 à l’initiative du poète et académicien Saint-Amant, un homme de lettre habitué à fréquenter le salon de Madame de Rambouillet.
Quoi qu’il en soit, c’est au début du XIXème siècle, peu après la mort de l’Empereur, que des forestiers découvrirent dans forêt d’Halatte, laquelle se trouve non loin de Senlis, un fanum (un temple) datant vraisemblablement des Ier – IIIème siècle de notre ère.
Le site fut fouillé à deux reprises.
La première campagne de fouilles, effectuée entre 1873 et 1874, dans les toutes premières années de la IIIème République, permis de dégager près de 300 ex-voto. Ces derniers pouvaient indifféremment représenter des hommes, tout ou partie, ou des animaux.
Une seconde campagne de fouilles eut lieu un siècle plus tard environ, entre 1996 et 1999, dégageant une soixantaine de nouveaux ex-voto mais pas seulement. Les pioches des archéologues libérèrent également de leur gangue de terre des céramiques, des fibules, des objets en os et des monnaies.
Ci-dessus : cet ex-voto de la forêt d’Halatte a été sculpté dans un bloc de calcaire tendre. Il mesure un peu moins de 30 cm de haut et date vraisemblablement des Ier-IIIème siècle ap. J.-C. Il est aujourd’hui conservé au Musée d'Art et d'Archéologie de Senlis. Photo : Musée d'Art et d'Archéologie de Senlis.