Rufford - Chroniques - La bibliothèque de Storia Mundi-9

Rufford, Sherwood et l’humour potache du Moyen-âge

L’abbaye de Rufford – dont le nom pourrait signifier rude gué (rough ford) – se trouve en plein centre de la terre des Angloÿs*. Plus précisément, elle se dresse dans le Nottinghamshire, non loin de la forêt de Sherwood.

C’est à cet endroit que le comte de Lincoln, Gilbert de Gand, un cousin d’Alain le Noir, le fils de Havoise de Guingamp, décida de fonder une abbaye cistercienne le 12 juillet 1147. Pour cela, il fit venir des moines de l’abbaye de Rievaulx laquelle – contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser – se trouve dans le Yorkshire, à un jet d’arbalète de Helmsley si vous voulez tout savoir.

Le lecteur qu’interloquerait la mixité patronymo-toponymique qui prévalait alors de l’autre côté de la Manche doit se rappeler qu’au mitan du XIIème siècle, l’île était tombée au pouvoir de continentaux peu recommandables depuis trois générations au moins. Et reprendre un café.

Quoi qu’il en soit, la construction de l’abbaye fut une affaire rondement menée : les travaux furent terminés en 1170, l’année où Jean sans Terre eut quatre ans. A ce propos, si l’existence de Richard Cœur de Lion et de son petit frère susnommé est absolument indubitable, le sauvageon encapuchonné – c’est le sens de Hood, la capuche – est évidemment un personnage de fiction, quand bien même cette fiction pourrait trouver son origine dans un personnage – sans doute moins chevaleresque – ayant véritablement existé.

Précisons enfin à l’attention du voyageur potentiel que l’abbaye se peut visiter, notamment pour son remarquable décor sculpté - vous en avez un exemple sous les yeux - lequel témoigne du goût du Moyen-âge pour l’humour potache.

*Bien qu’anguleux et parfois placides, les Angloÿs n’en sont pas des ongulés, c’est-à-dire des mammifères placentaires, pour autant. Qu’on se le dise.