L'Éphèbe d’Anticythère et la naissance de l’archéologie sous-marine
Ce superbe bronze qui date du second classicisme grec - plus précisément des années 340 - 330 av. J.-C. - compte parmi les trésors découverts en 1900 - par des pêcheurs d’éponges grecs - dans l’épave d’Anticythère (Ἀντικύθηρα en vo), une petite île grecque de la mer Égée située au sud-est du Péloponnèse, entre l'île de Cythère et la Crète.
Deux choses à souligner avant d’aller plus loin : il faut rappeler tout d’abord que l’archéologie sous-marine nait avec la campagne de fouilles qui suit la découverte fortuite de l’épave. Ajoutons à ce propos que travailler par quarante cinq mètres de profondeur, en 1900, relève, sinon de l’exploit, du moins du grand art.
Deuxième point important, l’épave - elle-même remarquable par sa taille, près de cinquante mètres de longueur - contenait une riche cargaison composée d’oeuvres d’art - comme notre éphèbe -mais pas seulement puisque les archéologues repêchèrent une étonnante machine à engrenage dans laquelle les spécialistes ont reconnu le premier calculateur analogique de l’histoire : la machine d’Anticythère. On en reparlera.
Revenons, cela dit, à notre éphèbe. Mesurant un peu moins de deux mètres, avec un profil de troisième ligne plaqueur-gratteur, ce dernier pourrait représenter Pâris (sans accent circonflexe, c’est une ville française ou le pluriel de pari ; avec, c’est le prénom de ce personnage falot par qui le malheur arrive).
Pourquoi Pâris ? Parce que la main levée de notre éphèbe pourrait avoir tenu une pomme, cette pomme que Héra, Athéna et Aphrodite lui avaient demandé de remettre à celle d’entre-elles qu’il jugeait la plus belle. On connait la suite du jugement de Pâris : c’est la guerre de Troie.
Photo : George Koronaios. Musée national archéologique d'Athènes.