Portrait, cadre et corde

Qui se contenterait de jeter un regard oblique et désinvolte sur le portrait que vous avez sous les yeux pourrait reprendre à son compte le titre du livre du regretté Daniel Arasse : On n’y voit rien.

De prime abord, évidemment, ce n’est pas tout à fait faux. Et pourtant.

Et pourtant, ce portrait — il est vrai très endommagé — est remarquable à plus d’un titre. D’abord parce qu’il fut découvert par l’un des pères de l’égyptologie moderne, l’archéologue britannique William Matthew Flinders Petrie (1853–1942), qui l’exhuma des sables brûlants du Fayoum lors des fouilles du site de Hawara en 1888.

Petite précision : le Fayoum est une région située au centre de l’Égypte, où fut découvert un ensemble exceptionnel de portraits sur bois remarquablement bien conservés en raison de conditions géologiques et climatiques spécifiques. Pour être tout à fait exact, les portraits du Fayoum représentent le seul ensemble de peinture sur bois de l’Antiquité à nous être parvenu.

Revenons, cela dit, au portrait qui nous occupe aujourd’hui. S’il est vrai que cette peinture à tempera est très abîmée — on ne distingue en effet qu’une partie d’un visage ainsi qu’une épaule de la personne représentée, vêtue d’une tunique rose pâle et de boucles d’oreilles en perle —, le cadre, lui, nous est parvenu dans un remarquable état de conservation. Pensez donc : Petrie a même retrouvé la corde, tressée en fibres de palmier, qui servait à le suspendre.

Ajoutons enfin que cette pièce, qui date de la seconde moitié du Ier siècle apr. J.-C., mesure un peu plus de quarante-cinq centimètres de hauteur.

Elle se trouve aujourd’hui au British Museum.