Cinq mois après Waterloo, l’indomptable général Daumesnil résiste encore à Vincennes

Né à Périgueux le 27 juillet 1776, Pierre Yrieix Daumesnil fait partie de ces centaures dont la folle audace galvanisait les soldats de la Grande Armée.

Entré à 17 ans dans le 22ème régiment de chasseurs à cheval, notre homme se couvre de gloire sur tous les champs de bataille où combat l’armée française, d’Aboukir (1799) à Wagram (1809), où il perd la jambe gauche, en passant par Marengo (1800), Austerlitz (1805), Iéna (1806), Eylau (1806) et Friedland (1807). Entre autres batailles.

Capable d’une incroyable intrépidité sous le feu de l’ennemi, Daumesnil place en outre l’honneur et le respect de la parole donnée avant toute chose. Napoléon – qui le sait – lui confie le commandement de la place de Vincennes, un arsenal d’une importance capitale pour les armées française. Il sait son précieux arsenal en de bonnes mains.

A la suite de Waterloo (18 juin 1815) et de la seconde abdication, laquelle survient quatre jours plus tard, les Alliés envahissent de nouveau la France. Après un dernier baroud d’honneur, les dernières unités françaises capitulent début juillet.

Toutes ?

Non, bien sûr ! Car ce diable de Daumesnil – qui s’est enfermé dans son arsenal-forteresse avec un millier d’hommes - refuse catégoriquement de capituler devant les Alliés. 

Il faut dire qu’avec 52 000 fusils, 100 canons et des tonnes de poudre, les Français sont armés jusqu’aux dents. Faire plier Daumesnil s’annonce comme un impossible mission.

Lisez plutôt.

Quand on le somme de se rendre, Daumesnil menace de faire sauter la place qu’il défend… et les alentours avec. Blücher – dit-on - essaie alors d’acheter la reddition de l’irréductible général pour la somme colossale d’un million de francs. Daumesnil rejette son offre avec mépris.

Mieux : avec sa petite troupe, il parvient même à effectuer plusieurs sorties qui lui permettent de prendre (et de reprendre ensuite) le village de Vincennes à l’ennemi. Et comme si ça ne suffisait pas, Daumesnil trouve le moyen de piquer des canons aux Prussiens…

Enfin, quand Louis XVIII envoie ses neveux lui signifier sa convocation à la Cour, Daumesnil fait enfermer les princes dans le donjon de Vincennes avec ordre de les fusiller s’il ne revenait pas de Paris.

Finalement, le second siège de Vincennes est levé le 14 novembre 1815 après un blocus de 129 jours. Daumesnil a obtenu ce qu’il voulait : les Alliés n’auront pas la place qui lui a été confiée par l’Empereur. C’est à des compatriotes que Daumesnil la restitue.

Ci-dessus : cette étude du tableau du Général Daumesnil à Vincennes en 1814 a été réalisé en 1895 par le peintre Gaston Mélingues. Elle se trouve aujourd’hui dans une collection particulière.