Vienne au XVIII siècle :
l’éclosion d’une capitale
Été 1683, le second siège de la ville par les armées ottomanes projette Vienne sous les feux de la rampe. Les yeux de l’Europe se tournent vers la capitale de l’Archiduché de Basse-Autriche qui n’était jusqu’alors qu’un centre politique secondaire de la scène politique européenne. 1815, le congrès qui doit décider de l’avenir post-napoléonien de l’Europe fait de Vienne le centre névralgique du continent et concrétise l’ascension irrésistible de la ville de résidence de l’Empereur (Kaiserstadt), désormais capitale du tout nouvel Empire d’Autriche.
La ville s’est entre-temps muée en perle baroque qui allie faste et piété. Grâce à la cour prestigieuse des Habsbourg qui règnent sur un ensemble territorial parmi les plus vastes d’Europe, Vienne est devenue un centre culturel incontournable, renommé pour ses divertissements et ses concerts. Sa vie mondaine et cosmopolite attire courtisans et voyageurs, artistes et intellectuels. Elle n’en reste pas moins un grand centre de la contre-réforme catholique que la très pieuse Maison d’Autriche peuple de sanctuaires à l’image de l’extravagante Karlskirche.
Pour autant, Vienne présente un profil bien singulier. Soumise à une forte croissance démographique, quatrième ville la plus peuplée d’Europe à l’orée du XIXe siècle, elle demeure tout au long du XVIIIe siècle une ville enserrée par un corset de fortifications que son statut de ville frontière ne lui a jamais permis d’abandonner. Jusqu’à l’aménagement du Ring dans la seconde moitié du XIXe siècle, la ville oppose deux visages, séparés par une vaste zone tampon, poussiéreuse en été, boueuse en hiver : une vieille ville surpeuplée où l’on croise artisans, domestiques et aristocrates qui se disputent les palais les plus proches de la Hofburg ; et de vastes faubourgs hypertrophiés où alternent les quartiers malfamés ou industrieux et les palais-jardins de la noblesse qui s’étalent, à l’image du fameux Belvédère du prince Eugène de Savoie, en parterres et terrasses, offrant sur la vieille ville hérissée de clochers des vues imprenables immortalisées par Bernardo Bellotto, le neveu de Canaletto.
Les dates à retenir :
1679 : Grande peste.
1683 : Second siège de la ville par les armées ottomanes.
1718 : Paix de Passarowitz, la monarchie des Habsbourg triomphe des Ottomans.
1740-1745 : Guerre de Succession d’Autriche, avènement de Marie-Thérèse.
1744 : Début de la grande campagne de reconstruction du château de Schönbrunn.
1754 : Premier recensement de la population : la ville compte 175000 habitants.
1765 : Mort de François-Etienne et corégence avec Joseph II.
1780 : Mort de Marie-Thérèse.
1786 : Première des Noces de Figaro de Mozart.
Votre conférencier
Eric Hassler est maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Strasbourg, spécialiste de l’espace germanique et de la monarchie des Habsbourg aux XVIIe et XVIIIe siècles.
À lire pour aller plus loin :
Jean Bérenger, Histoire de l’empire des Habsbourg, 1273-1918, Fayard, 1990.
Jean-Paul Bled, Histoire de Vienne, Fayard, 1998.
Thomas DaCosta Kaufmann, L’Art en Europe centrale, Flammarion, 2001.
Eric Hassler, La Cour de Vienne, 1680-1740. Service de l’empereur et stratégies socio-spatiales des élites nobiliaires dans la monarchie des Habsbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2013.