Cour d'Assurbanipal - Chroniques - La bibliothèque de Storia Mundi

MACABRE TÊTE À TÊTE À LA COUR D'ASSURBANIPAL

La scène que vous avez sous les yeux provient du palais assyrien de Ninive, une cité devenue au VIIème siècle av. J.-C. la capitale de la puissante Assyrie. On y voit le roi Assurbanipal (685-631 av. J.C.) confortablement installé sur sa couche, les jambes recouvertes d’une couverture légère. Il dîne en compagnie de son épouse, la reine Libbāli-šarrat, assise en face de lui, cependant que des serviteurs s’affairent autour du couple royal. Les uns leur présentent des plats délicats ; d’autres les rafraichissent. A moins qu’ils ne chassent mouches et moustiques qui pourraient importuner leur maître et leur maîtresse.

On ne sait pas de quoi les époux discutent, entre deux gorgées de soupe. Peut-être Assurbanipal – qui était un fin lettré comme le prouve la superbe bibliothèque qu’il rassembla à Ninive – raconte-t-il un passage de l’épopée de Gilgamesh à sa tendre moitié ? Peut-être lui parle-t-il d’astronomie ou d’astrologie ? Il faut dire que sa bibliothèque regorgeait de traités consacrés à ces deux disciplines.

A moins qu’il ne lui raconte la grande victoire que ses armées ont remporté cette-année (nous sommes en 653 av. J.-C. au fait) contre une coalition constituée de roitelets des environs : Teumman, Nabo-usalim et Shamash-shum-ukin. Le premier nommé, Teumman, avait vraisemblablement usurpé le trône d’Elam onze ans plus tôt, en 664 av. J.-C. donc.

A bien y réfléchir, Assurbanipal raconte très certainement à la reine Libbāli-šarrat cette grande victoire qui eut lieu sur les rives de la rivière Ulai. Teumman eut la chance de mourir au combat contrairement à nombre de ses soldats qui furent torturés puis exécutés (dans l’ordre inverse, allez savoir pourquoi, ça marque moins l’esprit des survivants).

Assurbanipal fut si content de sa victoire qu’il la fit représenter par un ensemble de bas-reliefs constitués de panneaux narrant chacun un épisode du combat. Sans doute Assurbanipal avait-il une dent contre ce pauvre Teumman dont la tête coupée se retrouve sur (presque) tous les panneaux. Y compris sur celui qui montre le banquet de la victoire : elle est cerclée de rouge.

Ci-dessus : le panneau du banquet de la victoire d’Assurbanipal est aujourd’hui conservé au British Museum, à Londres. Photo : British Museum.