Pierre Puget (1620-1694) a été un artiste étonnant, unique dans le panorama de l’art français du XVIIème siècle. Né à Marseille où il est d’abord formé par un sculpteur, il a découvert en Italie, l’art antique et la nouveauté du baroque romain. Cependant, il commence sa carrière comme peintre à Toulon, mais se déclare sculpteur et architecte, et sera un excellent dessinateur. Son premier chef d’œuvre est le portail de l’hôtel de ville de Toulon, où le balcon est soutenu par les figures souffrantes de deux atlantes. Il abandonne peu à peu les pinceaux pour la grande sculpture. En 1659, il est appelé en Normandie et y sculpte le dynamisme d’un robuste Hercule qui tue l’hydre de Lerne. A cette occasion, il est sollicité par Fouquet, le fastueux surintendant des Finances, pour lui procurer du marbre italien. C’est ainsi qu’il part à Gênes. Fouquet est arrêté, Puget reste cependant à Gênes, pour y jouir d’un séjour fructueux, entrecoupé d’un bref voyage à Rome. Il y sculpte de grands marbres spectaculaires, l’Hercule gaulois, le ravissement en extase de l’Immaculée Conception de l’albergo dei Poveri ou encore et les deux statues colossales de l’église Santa Maria Assunta di Carignano, Saint Sébastien blessé qui s’abandonne à la grâce divine et le bienheureux évêque Alessandro Sauli en extase. En 1668, la Marine royale le fait venir à Toulon pour diriger l’atelier de sculpture des vaisseaux. Parallèlement à ses dessins de décoration navale, il prépare des projets architecturaux pour l’arsenal, dessine des Marines et entreprend de grandes sculptures destinées au roi, Milon de Crotone et Alexandre rendant visite à Diogène. Dix ans plus tard, il se réinstalle à Marseille et achève Milon de Crotone, suivi par Persée et Andromède. Les deux grands marbres, qui se font face à l’entrée de l’allée Royale du parc de Versailles, sont accueillis avec éloges. Puget se partage désormais entre la sculpture et ses projets d’architecture, l’hospice de la Charité qui restera inachevé, le programme de la place Royale, que la ville de Marseille renoncera à construire. Il continue à sculpter : une émouvante Vierge à l’Enfant envoyée à Gênes, un relief qui montre saint Charles Borromée priant pour les pestiférés, entouré de scènes d’effroi et de douleur, ou encore un énigmatique Faune qu’il dispose sur la fontaine de son pavillon marseillais. Il reprend encore les pinceaux pour dépeindre une scène étrange, où le centaure Chiron a pris sur son dos le jeune Achille pour chasser dans une atmosphère crépusculaire.