Ces mots arabes d’origine latine

On y pense rarement mais l’arabe comprend un certain nombre de mots qui viennent du latin (ou du grec, ou du latin via le grec).

Il suffit pourtant de regarder une carte de l’Empire au temps de Trajan, par exemple, pour se rappeler qu’à l’époque du susdit la civilisation (romaine) s’étendait de l’Ecosse au Sahara et de l’Atlantique à l’Euphrate.

Une grande partie de ce monde que l’on considère un peu rapidement comme radicalement autre depuis le triomphe de l’islam comptait parmi les provinces les plus riches et les plus développées de l’Empire lequel s’arrêtait sur les rives du Rhin et du Danube.

Les Romains restèrent ainsi près de sept siècles en Egypte et en Syrie actuelles. Tout autant en Algérie et en Tunisie actuelles malgré l’intermède alano-vandale. Suffisamment longtemps donc pour laisser - outre un patrimoine archéologique exceptionnel - de nombreuses traces dans la langue arabe.

Pour ne prendre qu’une demi-douzaine d’exemples :

L’arabe batūla (bouleau) vient du latin betula.

Dīnār vient de denarius (peut-être via le grec dènarion).

Fīlā - qui signifie villa - vient du latin… villa évidemment.

L’arabe qandīl, lampe, vient du latin candela, chandelle.

Qaṣr, château, vient de castrum, forteresse.

Saǧǧala, enregistrer, vient de sigillum, le sceau que l’on apposait pour authentifier un acte.

Et ṣirāṭ, route, vient du latin tardif strata.

Ajoutons que certains mots ont un parcours d’une étonnante richesse comme l’argot flouze - argent - qui vient de l’arabe fulūs lequel, à son tour, vient du latin follis, mot qui désigne une monnaie de bronze - de faible valeur - introduite sous les Tétrarques vers 293 ap. J.-C.

Ci-dessous : ce magnifique temple romain dédié à Bacchus se dresse à Baalbek, l’Héliopolis hellénistique, au Liban actuel. Photo : Vyacheslav Argenberg.