Martin Schongauer : l’œuvre peint et gravé du « Beau Martin »

Martin Schongauer : l’œuvre peint et gravé du « Beau Martin »

Fils d’orfèvre, tout comme Dürer, Martin Schongauer est né à Colmar autour de 1440-1445. Bien que sa biographie reste lacunaire concernant sa formation, il a baigné dans l’atmosphère artistique de l’atelier de son père. En 1465, il s’inscrit à l’université de Leipzig et, on peut s’interroger sur l’existence d’un voyage aux Pays-Bas. En effet, ses œuvres montrent qu’il a été confronté à l’art des primitifs flamands, se mêlant sous sa main à la douceur des peintures du Rhin supérieur. Surnommé « le Beau Martin » par ses contemporains, Schongauer n’a laissé qu’un très petit nombre de peintures sur panneaux de bois. Ses œuvres majeures sont conservées dans sa ville natale au Musée Unterlinden et dans l’église des Dominicains. Ne présentant aucune signature, contrairement à ses gravures, leur attribution a donné lieu à de nombreuses discussions. Les panneaux du retable d’Orlier, datés des années 1470-1475, seuls vestiges d’un retable dédié à la Vierge, s’illustrent par la gracilité des silhouettes et le raffinement des matières. En 1473, il réalise la Vierge aux buissons de roses. Marie, rose des roses y figure assise au cœur d’un jardin clos. La délicatesse du cadre, la tendresse et la retenue des gestes laissent pourtant présager le drame de la Passion à travers de nombreux symboles. Le retable des Dominicains, attribué à Schongauer et son entourage, est peint vers 1480. On y observe notamment le thème de la « chasse mystique », très apprécié au XVème siècle dans le monde germanique. À la fin du XIXe siècle, des travaux de rénovation dans l’église allemande Saint-Etienne de Breisach permettent de mettre au jour un spectaculaire Jugement dernier d’une ampleur inédite. Martin Schongauer meurt brutalement avant d’avoir pu achever cette composition monumentale de 13 mètres de haut.

Schongauer est mieux connu pour son activité de graveur. Ces œuvres, qui s’inscrivent dans la riche tradition de la gravure rhénane du XVème siècle, ont pu lui être attribuées grâce à la présence de son monogramme M+S. Les sujets religieux prédominent, offrant une large place au Nouveau testament, avec l’Enfance du Christ, la Passion, la Vie de la Vierge, la représentation en pied des apôtres et les symboles des Évangélistes. Il s’est cependant montré sensible également aux sujets profanes. Ses gravures exerceront une grande influence sur le jeune Dürer qui se rendra à Colmar en 1492 dans l’espoir de rencontrer celui qu’il considérait comme son maître. Il arrivera alors que Schongauer s’était déjà éteint mais, la postérité de l’œuvre gravé de Schongauer est perceptible chez de nombreux artistes tant dans la gravure que la sculpture ou la peinture.

Les dates à retenir :

Vers 1440-1445 : naissance de Martin Schongauer à Colmar.

1465 : Martin Schongauer s’inscrit à l’université de Leipzig.

1473 : Martin Schongauer peint la Vierge au buisson de roses.

1489 : Martin Schongauer est bourgeois de Breisach.

1489-1491 : Réalisation de la peinture murale du Jugement dernier à Breisach.

2 février 1491 : mort de Martin Schongauer.

1492 : venue de Dürer à Colmar pour rencontrer Schongauer.     

1885 : redécouverte du Jugement dernier de Breisach.


Lisez l'article d'Anne Vuillemard-Jenn :


Votre conférenciÈre

Anne Vuillemard-Jenn est docteur en histoire de l’art, enseignante et chercheur indépendant. Membre du Groupe de Recherches sur la Peinture Murale (www.gpm.asso.fr), elle poursuit des recherches sur la polychromie architecturale et la peinture monumentale.

À lire pour aller plus loin :

« Découvrir l’art allemand », Dossier de l’art, 3, 1991.

Le beau Martin : gravures et dessins de Martin Schongauer, catalogue de l'exposition du 13 septembre au 1er décembre 1991 au Musée d'Unterlinden à Colmar.

Pantxika Béguerie-De Paepe, Magali Haas, Martin Schongauer, Musée Unterlinden, Colmar, 2018.